Au départ prévisible de la mission onusienne s’ajoute désormais l’inconnue sur l’avenir de la présence de Wagner
MADRID, 28 juin (EUROPA PRESS) –
Le Gouvernement reste convaincu de la nécessité de maintenir la présence des troupes espagnoles au Mali dans le cadre de la mission de l’UE (EUTM Mali) mais est conscient des changements qui s’opèrent dans le pays et en fonction de leur évolution, il reconsidérera sa continuité, selon des sources diplomatiques.
L’Espagne compte actuellement quelque 140 soldats dans l’EUTM Mali dont la mission initiale était de former les forces de sécurité maliennes mais dont la mission a été réduite au conseil l’année dernière en raison de la présence naissante de mercenaires russes du groupe Wagner aux côtés des troupes en formation. Le contingent espagnol, déployé jusqu’au début du mois de juin à Koulikoro, près de la capitale, s’est désormais totalement replié sur Bamako.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit décider ce vendredi de l’avenir de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation (MINUSMA), après que la junte militaire qui gouverne le pays sahélien a demandé le 23 juin son départ immédiat. Tout indique que la plus haute instance de l’ONU donnera son feu vert au retrait, mais reste à savoir comment il se déroulera et dans quelles conditions.
La MINUSMA est composée de plus de 13 000 hommes et bien que sa mission ne soit pas proprement la lutte contre les groupes djihadistes qui opèrent au Mali, sa présence dans les grandes villes du nord comme Gao ou Tombouctou a un rôle dissuasif important. Il joue également un rôle clé dans la facilitation du dialogue entre les signataires de l’accord d’Alger de 2015 qui a mis fin à la rébellion touareg et la junte au pouvoir.
Au retrait probable de la mission onusienne s’est ajoutée une nouvelle inconnue à la suite de la tentative de rébellion en Russie menée par le patron de Wagner, Yevgeni Prigozhin, au cours du week-end, puisqu’on ne sait pas ce qu’il adviendra de ses mercenaires présents dans plusieurs Pays africains, principalement le Mali et la République centrafricaine.
Au Mali, le gouvernement n’a jamais voulu confirmer leur présence, se limitant à parler d’instructeurs militaires russes, terme que Moscou a également utilisé jusqu’à présent. Cependant, suite aux événements du week-end dernier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déjà annoncé que les travaux se poursuivraient au Mali et le président russe lui-même, Vladimir Poutine, a reconnu que le Kremlin était à l’origine du financement du groupe de mercenaires.
DES INCONNUES SUR L’AVENIR DE LA PRÉSENCE DE WAGNER
Ainsi, des sources diplomatiques ont reconnu que les événements soudains en Russie, en plus d’exposer les fissures internes de la Russie de Poutine, soulèvent toute une série d' »inconnues », dont ce qu’il adviendra de la présence de Wagner au Mali. La ministre de la Défense, Margarita Robles, a déjà reconnu lundi « s’inquiéter » de cette circonstance
En ce sens, les sources ont assuré que le gouvernement veut maintenir une présence au Mali en raison de sa proximité avec le Sahel, ce que Robles elle-même a répété avec insistance, et parce que les pays de la région ont besoin de soutien.
Mais parallèlement, les sources diplomatiques ont souligné que cette présence n’est possible que « si les conditions de sécurité sont réunies » et si le pays hôte souhaite que ce déploiement se poursuive, les Espagnols étant toujours « extérieurs » à la région, comme C’était aussi le cas des Français, qui ont mis fin l’an dernier à leur opération anti-terroriste Barkhane.
Pour toutes ces raisons, les sources ont indiqué que « si la situation évolue beaucoup sur le terrain » alors « évidemment, le Gouvernement reconsidérera » la présence du contingent espagnol à l’EUTM Mali, soulignant que cela ne signifie pas qu’il s’agit d’un décision qui sera prise à court terme.
« Si cela change, nous y repenserons, nous n’allons pas l’envisager maintenant », ont-ils déclaré, soulignant la nécessité de surveiller de près l’impact que ce qui s’est passé en Russie avec Wagner pourrait avoir sur le déploiement de leurs mercenaires au Mali. On estime que la société que Prigozhin dirigeait jusqu’à présent comptait plus d’un millier d’hommes dans le pays africain.