- Les attaques contre des personnalités publiques, les crimes « d’honneur » et les délits à but lucratif doivent être considérés comme des circonstances aggravantes
- Sanctions pour l’envoi d’images ou de vidéos non sollicitées d’organes génitaux
- Assistance juridique et spécialisée gratuite pour les victimes
Le projet de rapport demande une définition uniforme et fondée sur le consentement du viol dans l’UE, des règles plus strictes sur la cyberviolence et un meilleur soutien aux victimes.
Mercredi, les commissions des libertés civiles et des droits des femmes ont approuvé des modifications à une proposition de directive sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.
Une définition du viol fondée sur le consentement
S’appuyant sur la proposition de la Commission d’une définition pénale du viol basée sur l’absence de consentement, les députés cherchent à ajouter la peur et l’intimidation à la liste des facteurs qui empêchent la libre prise de décision. Le consentement doit être évalué en tenant compte des circonstances spécifiques, affirment les députés. Ils proposent des règles pénales complémentaires sur les agressions sexuelles (c’est-à-dire tout acte sexuel non consensuel qui ne peut être défini comme un viol) et demandent une législation européenne sur les mutilations génitales intersexuées, la stérilisation forcée, le mariage forcé et le harcèlement sexuel au travail.
Des règles de condamnation plus sévères pour les auteurs
Les députés souhaitent que la liste des circonstances aggravantes soit élargie pour inclure :
- le statut de séjour d’une victime, sa grossesse, sa détresse, le fait d’être victime de la traite, ou de vivre dans des centres de retraite, d’enfants ou de demandeurs d’asile ;
- actes particulièrement inhumains, dégradants ou humiliants ;
- les infractions entraînant le décès ou le suicide de personnes à charge;
- les crimes commis contre une personnalité publique, y compris des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme ;
- chercher à générer des bénéfices ou des gains ;
- l’intention de préserver ou de restaurer « l’honneur » ; et
- l’intention de punir les victimes pour leur orientation sexuelle ou d’autres attributs de leur identité.
Violence et harcèlement en ligne
Le projet de rapport traite également des formes de violence et de harcèlement en ligne. Les députés demandent une définition élargie du « matériel intime » qui ne peut être partagé sans consentement, pour inclure des images ou des vidéos nues sans caractère sexuel. La divulgation de données personnelles dans ce contexte sans consentement doit être punie et le préjudice économique doit être pris en compte. L’envoi de matériel non sollicité représentant des organes génitaux devrait être classé comme du cyber-harcèlement, ajoutent les députés.
Mieux accompagner les victimes
Les États membres doivent garantir une assistance juridique gratuite aux victimes, dans une langue qu’elles comprennent, recueillir des preuves le plus rapidement possible et leur fournir un soutien spécialisé. Les victimes de la cyberviolence devraient avoir accès à des évaluations spécialisées pour identifier leurs besoins de protection, selon les députés.
Devis
Frances Fitzgerald (PPE, Irlande), députée européenne principale de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres, a déclaré : « Les relations sexuelles non consensuelles, c’est-à-dire le viol, doivent être incluses dans toute directive sur la violence à l’égard des femmes. Avec les taux de violence contre les femmes qui continuent d’augmenter après le COVID-19, il serait incompréhensible pour les femmes d’entendre de leurs gouvernements que le viol ne peut pas être inclus dans la législation pour lutter contre ce phénomène horrible. Le Parlement défendra les droits des femmes à être en sécurité partout en Europe – nous appelons les États membres à faire de même.»
Evine Incir (S&D, Suède), chef de file de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, a déclaré : « Avec cette directive historique, nous libérons une puissante force de changement. Le corps des femmes n’est pas à gagner et nous refusons de tolérer toute atteinte à leur autonomie et à leur dignité. Il est temps de passer des paroles aux actes pour défendre les femmes et les filles dans notre Union. Notre position est claire; les États membres doivent savoir qu’il ne peut y avoir de directive sans paragraphes sur le consentement. Seul un oui est un oui !
Vous pouvez visionner les déclarations vidéo des co-rapporteurs ici.
Prochaines étapes
Le projet de rapport a été adopté par 71 voix pour, 5 contre et 7 abstentions, tandis que le projet de décision d’ouverture de négociations interinstitutionnelles a été approuvé par 72 voix pour, 6 contre et 5 abstentions.
Les pourparlers avec le Conseil sur la forme finale de la législation commenceront une fois que le projet de mandat de négociation aura été approuvé par l’ensemble de la Chambre – attendu lors de la session plénière du 10 au 13 juillet. Les États membres se sont mis d’accord sur leur position le 9 juin.