Il cite comme exemple l'échec de l'OPA de BBVA sur Sabadell, mais aussi l'opération d'Unicredit sur Banco BPM.
MADRID, 20 octobre (EUROPA PRESS) –
Morningstar DBRS a mis en garde contre la possible interférence politique à laquelle pourrait être confrontée la consolidation bancaire nationale qui se produit au sein de l'Union européenne (UE).
L'entreprise utilise comme exemple l'échec de l'offre publique d'achat de BBVA sur Sabadell pour illustrer certains des défis auxquels sont confrontées les banques européennes qui tentent de réaliser des opérations de consolidation bancaire dans la région, que ce soit à l'échelle nationale ou transfrontalière.
Concrètement, il souligne que l'échec de l'opération entre BBVA et Sabadell est finalement tombé sur les actionnaires, mais entre l'annonce de mai 2024 et son résultat aujourd'hui en octobre 2025, une série d'obstacles sont apparus qui ont également été observés dans d'autres opérations, comme celle d'Unicredit et Banco BPM en Italie, ou d'Unicredit et Commerzbank en Allemagne.
Ces défis « peuvent prolonger le processus et augmenter les coûts » dans les deux cas. En outre, dans l'offre publique d'achat espagnole, le gouvernement a introduit des conditions « punitives », comme l'exigence de maintenir l'autonomie des deux entités pendant au moins trois ans, ce qui « a réduit de manière significative les éventuelles synergies de coûts » dérivées de l'offre.
Concernant les fusions transfrontalières, l'analyse souligne la volonté des régulateurs européens, comme la Banque centrale européenne (BCE), de parvenir à une plus grande consolidation, et DBRS estime que les activités de fusion en Europe, tant nouvelles que celles en cours de développement, se poursuivront et que les banques utiliseront les bénéfices qu'elles ont générés ces dernières années pour les réaliser.
Cependant, la société de notation estime qu'il est important d'être clair sur les avantages qui peuvent être obtenus avec une plus grande consolidation. Elle estime que les gains de coûts et de revenus sont plus évidents dans les activités bancaires de détail et commerciales, mais qu'ils sont plus faciles à réaliser au niveau national qu'au niveau transfrontalier.
En revanche, cette situation ne serait pas la même dans les segments de la banque d’investissement, du corporate et de la gestion d’actifs. Le rapport fait référence à l'intention européenne de se doter de grandes entités d'investissement capables de concurrencer les groupes américains sur le marché des capitaux.
« Même avec une plus grande consolidation, il serait difficile de créer une banque ayant une taille suffisante pour rivaliser avec les grandes banques américaines dans l'origination de titres à revenu fixe et d'actions, ainsi que dans les ventes et les opérations sur titres, ce qui réduit l'intérêt commercial pour les fusions transfrontalières européennes non commerciales », explique-t-il.
Par ailleurs, DBRS souligne que la réglementation européenne a fait « peu » de progrès pour faciliter ces fusions transfrontalières et que la réglementation reste très fragmentaire. En ce sens, il cite comme exemple l'absence d'un fonds unique de garantie des dépôts, d'un marché européen des capitaux ou d'un mécanisme de soutien à la liquidité qui ferait office de filet de sécurité au cas où les fusions ne se dérouleraient pas comme prévu.
À cela s’ajoutent les différentes plateformes technologiques entre les banques européennes et les différentes habitudes de consommation des clients, ce qui rend difficiles ces fusions transfrontalières. En outre, les synergies sont « encore plus limitées » que celles qui peuvent être réalisées dans une opération nationale, notamment dans la banque de détail.
Ils estiment que les régulateurs continueront à surveiller les grandes fusions en raison de leur importance pour la stabilité financière, même si le cabinet estime qu'une plus grande clarté et une plus grande simplicité réglementaire concernant les fusions seraient « plus efficaces » pour tous les acteurs du marché.