La loi garantirait que les sanctions de l’UE sont appliquées de manière uniforme dans tous les États membres, avec des définitions communes et des sanctions dissuasives.
Jeudi, les députés de la commission des libertés civiles ont adopté un projet de mandat de négociation sur la violation et le contournement des sanctions de l’UE par 36 voix pour, 2 contre et 2 abstentions. Elle introduirait une définition commune des infractions et des peines minimales pour garantir qu’elles soient punies comme des infractions pénales partout dans l’UE.
Les sanctions de l’UE peuvent consister, entre autres, en un gel des fonds et des avoirs, des interdictions de voyager, des embargos sur les armes et des restrictions sur les secteurs d’activité. Selon le projet de loi, les violations incluraient le non-gel de fonds ou le non-respect des interdictions de voyager comme l’exigent les sanctions, ou le fait de faire des affaires avec des entités publiques de pays soumis à des sanctions.
Le contournement des sanctions serait également punissable et comprendrait des pratiques telles que la dissimulation ou le transfert de fonds qui devraient être gelés, la dissimulation du véritable propriétaire des biens et la non-communication d’informations suffisantes. Les députés ont voté pour étoffer la liste des activités considérées comme un contournement.
Sanctions dissuasives en cas d’infraction
Selon la proposition, la violation et le contournement des sanctions devraient être des infractions pénales passibles de peines de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans et d’amendes pouvant aller jusqu’à dix millions d’euros. Lorsque les entreprises violent ou contournent les sanctions, elles doivent être exclues des appels d’offres publics. Dans le texte adopté, les députés fixent l’amende maximale que les entreprises paieraient à 15 % du chiffre d’affaires annuel global et ajoutent de nouvelles circonstances aggravantes, comme les crimes de guerre et l’entrave aux enquêtes, qui entraînent des sanctions plus lourdes. Ils cherchent également à garantir que la loi ne s’applique pas à l’aide et au soutien humanitaires.
Citation
Après le vote, le rapporteur Sophie In’t Veld (Renew, Pays-Bas) a déclaré : « Les sanctions n’ont d’impact que lorsqu’elles sont appliquées de manière stricte et uniforme dans toute l’Union européenne. Tant de Russes riches peuvent continuer à vivre leur style de vie luxueux et les entreprises réalisent d’énormes profits en violant et en contournant les sanctions. Cette impunité doit cesser maintenant. Au cours des négociations, le Parlement s’efforcera d’harmoniser autant que possible les règles, afin d’éviter le forum shopping des contrevenants aux sanctions. Nous comptons sur le Conseil pour avoir le même niveau d’ambition.
Prochaines étapes
Les députés ont également autorisé l’ouverture de négociations interinstitutionnelles avec les gouvernements de l’UE par 36 voix pour, 2 contre et 2 abstentions. Une fois approuvée par l’ensemble du Parlement, elle deviendra la position des députés pour les discussions sur la forme finale de la législation.
Arrière-plan
L’UE a adopté plus de 40 régimes de sanctions contre des tiers dans le cadre de sa politique étrangère et de sécurité commune, plus récemment contre la Russie suite à son invasion de l’Ukraine. Cependant, la Commission estimations que l’application incohérente des sanctions de l’UE a sapé leur efficacité.
Afin de jeter les bases d’une incrimination uniforme des violations des sanctions de l’UE, le Parlement convenu en juillet 2022 pour ajouter les violations des sanctions à une liste de « crimes particulièrement graves avec une dimension transfrontalière », pour lesquels l’UE peut adopter des règles minimales. Le Conseil adopté cette décision en novembre 2022, et la Commission présenter la proposition pour harmonisation en décembre 2022.