Preuve électronique : de nouvelles règles pour accélérer les enquêtes pénales transfrontalières

  • Les preuves électroniques pertinentes pour 85 % des enquêtes pénales ; mais dans 65 % des cas, il provient d’un autre pays de l’UE
  • Les autorités pourront demander des preuves directement aux fournisseurs de services, tels que les entreprises de télécommunications
  • La possibilité reste de rejeter les demandes en cas de problèmes de droits fondamentaux

Afin de rendre les enquêtes transfrontalières plus efficaces, les députés ont voté en faveur de l’adoption de nouvelles règles sur l’échange de preuves électroniques par les autorités répressives.

Le paquet législatif adopté par le Parlement européen mardi introduira un cadre européen cohérent pour le traitement des preuves électroniques, accélérera le processus de collecte des preuves et maintiendra les garanties des droits fondamentaux. Les députés ont adopté le paquet en deux parties par 433 voix pour, 157 contre et 34 abstentions (pour le règlement sur les ordonnances de preuve) et 438 voix pour, 152 contre et 34 abstentions (pour la directive sur les représentants légaux).


Mécanisme transparent avec garanties des droits fondamentaux

Les nouvelles règles permettront aux autorités nationales de demander des preuves directement aux prestataires de services dans d’autres États membres (ce que l’on appelle les «ordonnances de production») ou de demander que les données soient conservées jusqu’à 60 jours, afin que les données pertinentes ne soient pas détruites ou perdues. (« ordonnances conservatoires »). La loi introduit également un délai obligatoire de 10 jours pour répondre à une injonction de produire (huit heures en cas d’urgence). Dans le cadre du même paquet, les députés ont adopté une directive obligeant les prestataires de services qui offrent des services dans l’UE à nommer des établissements ou des représentants légaux désignés où les autorités des États membres peuvent traiter les demandes de preuves électroniques.

Les députés ont introduit des dispositions garantissant que les autorités peuvent refuser les demandes de preuves lorsqu’elles ont des inquiétudes concernant la liberté des médias ou les violations des droits fondamentaux dans l’État membre requérant, et que les prestataires de services pourront signaler leurs inquiétudes concernant la liberté des médias. Ils ont également assuré que les autorités de commande demandant des données sensibles (telles que les données de trafic, sauf lorsqu’elles ne sont utilisées qu’à des fins d’identification, et les données de contenu) devront dans la plupart des cas en informer les autorités du pays cible pour garantir la transparence.


Citation

Après le vote, le rapporteur Birgit Sippel (S&D, DE) a déclaré : « Il s’agit d’un grand pas en avant pour la coopération entre les autorités répressives des États membres de l’UE et les prestataires de services. Le Parlement a veillé à ce que les droits fondamentaux restent protégés, car l’État membre dans lequel le fournisseur de services est situé sera « notifié » des demandes de données particulièrement sensibles, à moins que le suspect ne réside dans l’État d’émission et que l’infraction y ait été commise. L’ordre peut alors être refusé, par exemple lorsqu’il met en danger les droits fondamentaux ou lorsque le crime n’est pas un crime dans le pays du prestataire de services. Nous avons également veillé à ce que ces règles soient alignées sur les règles de protection des données de l’UE et introduit un modèle logiciel sécurisé et décentralisé pour l’échange sécurisé d’ordres et de données. Maintenant, il est temps que ce paquet soit effectivement mis en œuvre.


Arrière-plan

La Commission européenne estimations que les preuves électroniques sont pertinentes pour 85 % des enquêtes pénales et que, dans 65 % de ces cas, les preuves doivent être obtenues auprès d’un autre État membre. Les preuves peuvent consister en des données de contenu (telles que du texte, de la voix, des images, de la vidéo ou du son), des données de trafic (par exemple des horodatages, des détails de protocole et de compression et des informations sur les destinataires) ou des données d’abonné (informations d’identification d’un abonné ou d’un client). Actuellement, l’échange de ce type de preuves dépend d’une variété d’accords bilatéraux et internationaux d’entraide judiciaire (MLA), ce qui entraîne un paysage fragmenté et, souvent, de longues procédures. Le Parlement européen a prôné d’harmonisation des procédures pour les demandes transfrontalières de preuves électroniques depuis 2017.