STRASBOURG (FRANCE), 13 septembre (EUROPA PRESS) –
Le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune, Josep Borrell, a défendu la nécessité pour les Vingt-Sept de repenser le concept de sécurité et, même s’il n’y aura pas d’armée européenne pour le moment, il faudra une meilleure coordination entre les États membres en la matière.
Lors d’une rencontre avec des journalistes espagnols à Strasbourg, où il assistait au débat sur l’état de l’UE au Parlement européen, il a souligné que les Vingt-Sept semblaient avoir oublié la sécurité jusqu’à ce que la guerre éclate en Ukraine, alors qu’ils se réarmaient depuis l’annexion russe de la Crimée.
La sécurité, a-t-il dit, « n’est pas seulement militaire mais a une dimension multiple » notamment économique, climatique ou technologique. « Tout a une dimension sécuritaire car c’est devenu une arme », a-t-il souligné, citant comme exemple le recours à l’immigration par la Biélorussie ou au gaz par la Russie.
« Tout est devenu un élément de pression », a-t-il déploré, soulignant que même si « ce n’est pas une arme meurtrière comme les bombes et les missiles, c’est une manière de tordre les volontés ».
Face à cela, l’UE, qui sort d’une « période silencieuse de désarmement » amorcée après la guerre froide, doit désormais s’engager à investir à nouveau dans les armes et les capacités militaires ainsi que dans son industrie dans ce secteur.
« Nous devons investir de manière coordonnée et collective dans la défense », a-t-il affirmé, reconnaissant qu’il existe aujourd’hui « peu de capacités opérationnelles » au niveau européen. « Nous avons 27 armées et nous continuerons à les avoir mais elles doivent agir de manière plus coordonnée », a-t-il affirmé, admettant d’emblée que « c’est plus difficile que l’euro ».
« Nous ne passerons pas de 27 à un et personne n’a l’intention de le faire », a-t-il précisé, insistant encore une fois sur le fait qu’il faut « coopérer davantage », car « sinon nous allons dépenser beaucoup d’argent inutilement ».
Borrell a évoqué à ce stade la force de réaction rapide de l’UE, dotée de 5 000 hommes, et a indiqué que sa mise en œuvre se déroule selon les plans prévus et qu’en effet le mois prochain auront lieu les premiers exercices conjoints à Cadix.
« Nous sommes dans les temps mais tout cela coûte de l’argent et les restrictions budgétaires auxquelles nous sommes soumis rendent les choses difficiles », a-t-il reconnu. Ainsi, il a affirmé que « la promotion de la politique européenne de défense constitue une partie importante de mon héritage ».