Les juristes préviennent que les amendements à l’amnistie pourraient aggraver le conflit avec l’UE sur les crimes terroristes

L’UE établit non seulement l’obligation de poursuivre mais aussi de punir les actes de terrorisme

Les amendements partiels présentés par Junts et ERC au projet d’amnistie pourraient avoir l’effet inverse de celui souhaité, car loin d’éviter le choc frontal avec l’UE, ils pourraient l’aggraver en proposant que le pardon soit étendu à tous les actes de terrorisme liés à les « procés », qu’ils aient ou non un jugement définitif, selon les sources juridiques consultées par Europa Press.

Le projet de loi d’amnistie, enregistré seul par le PSOE le 13 novembre, envisageait déjà de pardonner les crimes terroristes commis dans le cadre du processus d’indépendance, même s’il excluait expressément les cas dans lesquels il y avait déjà une condamnation définitive.

Il s’agit d’amnistier les 12 membres des Comités de défense de la République (CDR) que l’Audience nationale (AN) a traduits en justice pour crimes terroristes, ainsi que ceux qui font également l’objet d’une enquête au sein de l’AN pour les émeutes prétendument orchestrées par la plateforme indépendantiste Tsunami. Démocratiques après le procès de l’automne 2019, parmi lesquels la secrétaire générale de l’ERC, Marta Rovira.

La nouveauté proposée par Junts et ERC par rapport au texte initial est que tous les actes de terrorisme perpétrés dans le cadre du processus sont amnistiables, même dans les cas où une condamnation définitive a déjà été prononcée.

Il convient de noter que le PSOE et l’ERC, dans l’amendement partiel qu’ils signent conjointement avec Sumar, BNG et Bildu, prônent le maintien de la formulation originale, c’est-à-dire qu’ils ne pardonnent que les cas de terrorisme associés au « processus » où il n’y a pas de décision définitive. phrase.

Toutefois, ce même mercredi, le ministre de la Présidence, de la Justice et des Relations avec les tribunaux, Félix Bolaños, a déclaré dans des déclarations à la presse que « les délits graves » comme le terrorisme « doivent être exemptés de l’amnistie ».

Les sources juridiques consultées par Europa Press ne voient pas de changements dans les effets pratiques de la modification proposée dans les amendements partiels. Et cela parce que les seuls cas faisant l’objet d’enquêtes pour crimes terroristes dans le cadre du processus sont ceux du CDR et du Tsunami Democrátic, qui sont tous deux loin d’être condamnés.

Le premier est en phase d’ouverture d’un procès oral et le second est en phase d’instruction, dans l’attente de deux décisions clés – l’inculpation de l’ancien président catalan Carles Puigdemont et la qualification juridique d’actes terroristes -. Les sources soulignent qu’aucune procédure ne permettra de prononcer une sentence avant l’entrée en vigueur de la future loi d’amnistie.

RÈGLES COMMUNAUTAIRES

Ainsi, ils n’apprécient qu’un élargissement de l’objet de l’amnistie, car elle couvrirait davantage de cas et plus de personnes – bien que sans spécificité actuelle – ce qui signifie également accroître la collision avec les réglementations communautaires en matière antiterroriste.

Des sources juridiques rappellent que la clé de voûte de la réglementation européenne en matière de terrorisme est la directive 2017/541 – qui a remplacé les précédentes décisions-cadres – qui établit l’obligation des États membres non seulement de poursuivre les actes de terrorisme mais aussi de les punir.

Les experts interrogés évoquent l’article 3, qui établit l’obligation de poursuivre en précisant que les Etats membres « doivent adopter les mesures nécessaires » pour « garantir » que certains actes soient qualifiés de crimes terroristes.

A cela, ils ajoutent l’article 15 de la même directive, selon lequel les États membres « adopteront également les mesures nécessaires » pour « garantir » que ces crimes « sont punis par des sanctions pénales efficaces, proportionnées et dissuasives ».

Par conséquent, les sources comprennent que la proposition de loi d’amnistie était en contradiction dès le début avec cette directive communautaire et que maintenant, avec les amendements partiels, elle ne fait qu’approfondir le conflit avec le droit européen, car elle permet d’étendre la grâce aux cas condamnés avec fermeté.

Par conséquent, ils prévoient que la Cour nationale, celle devant laquelle résident les deux affaires concernées, interrogera la Cour de justice de l’UE (CJUE) sur cette divergence entre le droit communautaire et le droit national, ce qui permettra l’application de la loi pour l’amnistie des deux procédures jusqu’à ce que le tribunal luxembourgeois tranche.