SANTA CRUZ DE TENERIFE, 25 octobre (EUROPA PRESS) –
Le gouvernement des Îles Canaries a apprécié le « pas en avant » que l'UE a fait après avoir décidé de « renforcer » sa politique migratoire sur la route de l'Atlantique. Pour le vice-conseiller du cabinet de la présidence, Octavio Caraballo, l'accord adopté par le Conseil européen représente un « soutien » à la stratégie suivie par les îles Canaries pour que Bruxelles « mette l'accent sur cette route meurtrière et active » avec plus de ressources matérielles et humaines.
L'Ejectuvio rappelle que, jeudi dernier, l'organisme qui réunit les chefs d'État ou de gouvernement des 27 a fait le point sur les progrès dans l'application de ses précédentes conclusions sur la migration, également à la lumière de la récente lettre de la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen. Le Conseil européen a ainsi demandé que « les travaux soient intensifiés dans tous les domaines identifiés en juin 2025 » et a exhorté les colégislateurs à « faire avancer en priorité les travaux sur les propositions législatives pertinentes ».
De même, depuis l'Exécutif régional, Octavio Caraballo a souligné l'importance que les 27 chefs d'État aient approuvé la proposition présentée par Von der Leyen, qui placerait la Route de l'Atlantique parmi les priorités d'action, comme le précise une note.
Concrètement, détaille le gouvernement des Canaries, le plan cite expressément quatre routes migratoires « prioritaires » pour l'UE : la Méditerranée centrale, dans laquelle elle s'engage à nouer davantage d'alliances avec la Tunisie, la Libye et l'Égypte ; l'Atlantique vers les îles Canaries, où Bruxelles renforcera ses accords avec le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie ; celui de l'Est, où une coopération renforcée est recherchée avec la Turquie, le Liban et la Jordanie, ainsi que celui des Balkans occidentaux, où le déploiement de Frontex et le traitement d'un plus grand nombre de visas sont poursuivis.
AUGMENTATION DES FONDS
Pour répondre à ces priorités, Von der Leyen a demandé au Conseil européen une augmentation de 3 milliards d'euros du financement initialement prévu pour le développement du plan européen d'asile pour les migrations. Ces fonds supplémentaires serviraient à financer la stratégie visant à renforcer la sécurité aux frontières extérieures de l'UE, en dotant Frontex de technologies avancées et en élargissant son rôle dans les rapatriements, la surveillance et le soutien opérationnel, comme le demandent les îles Canaries pour faire face à la forte activité de la route atlantique.
Même si la présidente de la Commission européenne n'a pas précisé dans la lettre envoyée aux chefs d'État le montant de l'expansion de Frontex, dans son discours sur l'état de l'Union et lors de sa réélection en juillet 2024, elle a avancé son objectif de tripler le nombre d'agents de cette force frontalière jusqu'à atteindre 30 000 soldats, comme l'a prévenu samedi l'exécutif des Canaries.
Le plan approuvé prévoit désormais un renforcement de l'activité de ces agents de l'UE dans les pays africains d'où partent les bateaux et cayucos vers les îles Canaries. Le déploiement d'officiers de liaison est prévu à Dakar et Rabat, pour améliorer la coordination des opérations maritimes et des retours. Les retours gérés par Frontex ont augmenté de 40 % depuis 2023, pour atteindre environ 60 000 en 2025.
Ainsi, le plan de Von der Leyen comprendrait également une amélioration de la gestion des frontières de l'UE et de Schengen avec un renforcement de la coordination en matière de recherche et de sauvetage maritimes grâce à la création d'un groupe de contact européen pour le sauvetage en mer.
LA COOPÉRATION À L’ORIGINE
Le Conseil européen a également donné son accord pour accroître ses politiques de coopération avec les pays d'Afrique de l'Ouest d'origine et de transit des migrations vers l'archipel. Le plan déjà soutenu par les 27 s'engage à renforcer la coopération avec les pays tiers par le biais d'accords bilatéraux pour lutter contre la traite des êtres humains, faciliter les retours volontaires et forcés et promouvoir les routes migratoires légales.
Le document, explique le gouvernement, cite expressément la « nécessité » d'élargir le partenariat opérationnel avec le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie, l'Egypte, le Sénégal et la Gambie, avec le financement de projets dans ces pays « en matière d'équipement, de formation et de recherche ». En Afrique de l'Ouest, la Mauritanie et le Sénégal reçoivent au total plus de 240 millions d'euros pour la surveillance côtière, la lutte contre la traite et l'assistance aux migrants secourus en mer, tandis que la Gambie et le Maroc bénéficient également de fonds spécifiques de l'UE pour le contrôle des frontières et la réadmission.
De même, le plan d'Ursula Von der Leyen soutient, selon le gouvernement régional, un renforcement de l'approche de « solidarité européenne » grâce aux fonds du Plan européen d'asile et de migration, un enjeu qui permettra de « renforcer l'accueil et le premier accueil dans les territoires sous pression », ce qui bénéficierait directement aux îles Canaries en tant que frontière sud de l'Europe.
Des fonds supplémentaires sont également prévus pour les infrastructures d'accueil et les mécanismes de transfert vers la péninsule dans le cadre du mécanisme de solidarité interne de l'UE, même si la demande de ces fonds reste entre les mains des États membres.
De son côté, le vice-conseiller du Cabinet de la Présidence du Gouvernement des Canaries a de nouveau exigé que l'État « utilise une fois pour toutes les ressources économiques et humaines » que le Pacte européen sur l'asile et la migration met à disposition pour « livrer avec les Canaries », notamment avec la prise en charge des plus de 4.500 mineurs migrants non accompagnés que l'archipel continue d'héberger seul.