La Confemetal appelle à renforcer le tissu industriel de l'UE pour « ressusciter » sa productivité

MADRID, 16 octobre (EUROPA PRESS) –

La Confédération espagnole des organisations professionnelles du métal (Confemetal) a exhorté jeudi l'Union européenne (UE) à renforcer le tissu industriel pour « ressusciter » sa productivité du travail, qui au cours des 25 dernières années a augmenté à peine de 1% par an, « bien en dessous » des 1,8% enregistrés aux États-Unis.

Dans son dernier bulletin économique, l'association des employeurs de la métallurgie assure qu'au cours des dernières décennies, l'UE a connu « une période prolongée de léthargie industrielle », qui a conduit son économie à être à la traîne par rapport aux États-Unis et à la Chine.

« L'industrie – qui devrait être le pilier de la création de richesse, de l'emploi de qualité et de la durabilité de l'État-providence – a été reléguée au rang des priorités politiques, compromettant le potentiel de croissance et la prospérité future du continent », dénonce la Confemetal.

L'organisation patronale affirme que, dans des secteurs comme celui de la métallurgie, les obstacles réglementaires, les coûts énergétiques élevés et la bureaucratie administrative ont érodé la compétitivité, ralentissant les investissements et la capacité d'attirer les capitaux étrangers.

Ainsi, la Confemetal souligne que si l'Europe aspire à retrouver son poids industriel, elle doit faire de l'investissement productif, de l'innovation technologique et de la formation des talents des priorités « incontournables ».

Selon la Confemetal, le faible investissement dans le numérique et les technologies émergentes « limite la modernisation et la compétitivité du secteur métallurgique », une situation partagée par une grande partie de l'industrie du continent, qui souffre d'un retard technologique par rapport aux États-Unis.

« Cela explique la nécessité de planifier une réindustrialisation intelligente et équilibrée, qui combine le maintien des activités traditionnelles avec la promotion des nouvelles technologies. Il ne s'agit pas de remplacer le tissu existant, mais plutôt de se réinventer pour l'élargir et l'adapter », soutient-il.

La Confemetal cite une étude de l'Institut européen des employeurs (IEE) pour montrer que la perte de compétitivité industrielle ne s'explique pas seulement par le fossé technologique ou le déficit d'investissement, mais aussi par un « lourd fardeau réglementaire qui agit comme un frein constant à l'innovation et à la croissance au sein du secteur industriel et technologique ».

À cette situation, poursuit-il, s’ajoute le manque de professionnels qualifiés, notamment dans les profils STEM. « Sans travailleurs formés, la modernisation industrielle est impossible », prévient la Confemetal, qui demande à l'Europe de s'engager dans une formation continue adaptée aux nouvelles exigences des entreprises, avec des programmes de mise à niveau professionnelle et de recyclage qui renforcent la main d'œuvre existante.

LES DIFFÉRENCES RÉGLEMENTAIRES, UN AUTRE FREIN À L’AMÉLIORATION DE LA PRODUCTIVITÉ

La Confemetal prévient également que la fragmentation du marché intérieur et les différences réglementaires entre les États membres, parfois au sein d'un même pays, ralentissent également la croissance et l'amélioration de la productivité des entreprises industrielles.

En ce sens, il reconnaît que la Commission européenne « a fait un premier pas positif » pour réorienter sa stratégie législative, en essayant de simplifier « l'enchevêtrement réglementaire » et les exigences d'information qui ont contribué à accélérer le déclin de l'industrie européenne.

Dans ce contexte, la transition écologique ajoute un nouveau défi qui, selon lui, ne doit pas être conçu comme une nouvelle menace pour les entreprises.

« Nous partageons les objectifs de décarbonation et de durabilité, mais nous insistons sur le fait qu'ils doivent être atteints grâce à une feuille de route réaliste, qui place la compétitivité des entreprises, la viabilité des entreprises et la préservation de l'emploi industriel au centre du débat. L'Europe ne peut pas se permettre d'avancer vers la neutralité climatique au prix d'un affaiblissement de sa base productive ou d'un transfert de ses émissions et de sa production vers des pays tiers ayant des exigences environnementales moins élevées », souligne-t-il. Confemétal.

Pour l'organisation patronale, la réaction de l'UE doit être urgente si elle veut éviter une vague de licenciements industriels sur le continent « face au changement erratique du modèle de production ».

Quoi qu'il en soit, la Confemetal souligne que la transition énergétique nécessite des investissements « massifs » dans les technologies propres, l'efficacité et la numérisation, « qui ne seront possibles que si les entreprises opèrent dans un environnement stable, prévisible, exempt de surcharges réglementaires ».

Il exige donc que la politique industrielle européenne intègre pleinement les objectifs environnementaux aux objectifs économiques et sociaux, en garantissant que chaque nouvelle réglementation soit également évaluée en fonction de son impact sur la compétitivité et l’emploi, et en tenant compte des conditions dans lesquelles les pays tiers sont compétitifs.

De même, dans le cas de l'Espagne, la Confemetal a exhorté le gouvernement à prendre une « mesure ferme » en débloquant la loi industrielle, ce qui donnerait à l'industrie une certaine sécurité juridique et aiderait à planifier les années à venir.