La CJUE rappelle que les juges doivent s’abstenir d’appliquer des clauses de crédit abusives pour des raisons de proportionnalité

MADRID, 9 novembre (EUROPA PRESS) –

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a indiqué ce jeudi que le contrôle judiciaire du caractère abusif éventuel d’une clause d’un contrat de crédit doit inclure le contrôle de sa proportionnalité et s’abstenir de l’appliquer le cas échéant.

Concrètement, l’institution européenne basée à Luxembourg a souligné dans un communiqué que « si le juge arrive à la conclusion que la clause est abusive, il doit s’abstenir de l’appliquer ».

En ce sens, le contrôle judiciaire nécessite une analyse de l’importance du manquement du consommateur à ses obligations contractuelles, comme le montant des échéances échues et non réglées par rapport au montant total du crédit et à la durée du crédit. le contrat.

Par ailleurs, le juge doit prendre en compte les conséquences qu’entraînent ces clauses, comme l’expulsion de l’emprunteur et de sa famille du logement qui constitue leur résidence principale, puisque le droit au logement est un droit fondamental.

L’organisme communautaire s’est exprimé ainsi après que la justice slovaque lui a demandé si le contrôle judiciaire dans une affaire nationale était compatible avec le droit de l’Union.

Dans cette affaire, la banque slovaque Vseobecná úverová banka avait accordé à deux clients un prêt à la consommation remboursable d’une durée de 20 ans, tandis que les clients mettaient en garantie leur maison familiale.

En raison d’un retard de paiement de trois mois pour un montant approximatif de 1 000 euros au cours de la première année du contrat, la banque a fait usage d’une clause d’échéance anticipée, qui lui permet de réclamer le remboursement anticipé de « la totalité du solde restant dû et de commencer la vente aux enchères extrajudiciaire de la maison familiale ».

C’est pour cette raison que les clients ont demandé à un tribunal slovaque de suspendre les enchères car, selon eux, leurs droits en tant que consommateurs ont été violés.

De son côté, la loi slovaque permet l’application d’une clause de paiement anticipé lorsque l’emprunteur est en retard de trois mois dans le paiement d’une échéance et que le prêteur en a informé le consommateur au moins quinze jours à l’avance.

De même, les tribunaux ne sont pas tenus de contrôler la proportionnalité de cette clause en fonction de la gravité du manquement du consommateur aux obligations par rapport au montant et à la durée du crédit.

Ainsi, interrogée par la juridiction nationale à la juridiction supranationale sur la compatibilité dudit contrôle judiciaire avec le droit communautaire, la CJUE a répondu que le contrôle judiciaire de l’éventuel caractère abusif de la clause doit inclure le contrôle de sa proportionnalité.

Par ailleurs, la CJUE a précisé que la clause d’expiration en question « entre dans le champ d’application de la directive sur les clauses abusives ».