Bruxelles propose une harmonisation pénale qui obligerait l’Espagne à durcir les nouveaux types de malversations

La proposition communautaire conduirait également à réformer d’autres crimes visant à lutter contre la corruption

BRUXELLES/MADRID, 3 (EUROPA PRESS)

La Commission européenne propose une peine maximale d’au moins 5 ans pour les délits de détournement de fonds dans toute l’Union européenne, selon la proposition de directive présentée ce mercredi pour classer les délits de corruption et harmoniser les peines sur le continent, une proposition qui obligerait l’Espagne à revenir réformer le crime de détournement de fonds.

Bruxelles demande que les infractions liées au détournement de fonds, au trafic d’influence et à la corruption soient punies de peines d’emprisonnement d’une durée maximale d’au moins 5 ans, un plancher pour la peine maximale pour chaque crime qui, dans le cas de l’Espagne, signifierait un durcissement des deux types atténués créés avec la dernière réforme pénale.

Ladite réforme, entrée en vigueur le 12 janvier, a maintenu le type traditionnel de détournement de fonds à l’article 432 avec les mêmes peines (de 2 à 12 emprisonnements et 6 à 20 interdiction), mais en précisant qu’il doit y avoir « un esprit de profit » lorsque l’autorité ou le fonctionnaire public « s’approprie ou consent à ce qu’un tiers, dans le même esprit, s’approprie les biens publics dont il a la charge en raison de ses fonctions ou à l’occasion de celles-ci ».

En outre, il a créé deux types atténués de détournement de fonds. Un pour lorsque « l’autorité ou l’officier public qui, sans intention de se l’approprier, affecte à des usages privés le patrimoine public confié à sa charge en raison de ses fonctions ou à l’occasion de celles-ci », avec des peines de 6 mois à 3 ans de prison et interdiction de 1 à 4 ans.

Et un second type pour « l’autorité ou l’officier public qui, sans être repris dans les articles précédents, donne au patrimoine public qu’il administrera une application publique différente de celle à laquelle il était destiné », sanctionné de 1 à 4 ans en prison et 2 à 6 de disqualification.

Conformément à la proposition lancée ce mercredi par Bruxelles, l’article 432 –puisqu’il prévoit une peine maximale de 12 ans– resterait indemne, mais les deux nouveaux types ne s’y conformeraient pas, puisqu’ils envisagent des maximums de 3 et 4 ans, ci-dessous ce seuil de 5 indiqué par l’exécutif communautaire.

L’initiative de la Commission vise à mettre à jour et à harmoniser les règles de l’UE sur les définitions et les sanctions applicables aux infractions de corruption afin de lutter contre l’ensemble des infractions de corruption, de mieux prévenir la corruption et d’améliorer l’application de la loi. La directive proposée devra maintenant être négociée par les États membres et le Parlement européen.

DE LA CORRUPTION AU TRAFIC D’INFLUENCE

L’UE propose d’appliquer les mêmes critères pour le délit de corruption, à la fois active et passive, ce qui impliquerait de réformer certains types pour adapter le Code pénal espagnol (CP) aux exigences communautaires.

Ce serait le cas de l’article 420 du code pénal qui punit de 2 à 4 ans de prison « une autorité ou un agent public qui, pour son propre profit ou celui d’un tiers, reçoit ou demande, par lui-même ou par un intermédiaire, un don, une faveur ou une rémunération de quelque nature que ce soit ou j’accepterai une offre ou une promesse d’accomplir un acte de sa propre fonction ».

Et avec 422, qui punit de 6 mois à 1 an de prison « une autorité ou un agent public qui, pour son propre bénéfice ou celui d’un tiers, admet, par lui-même ou par personne interposée, des cadeaux ou cadeaux qui sont offerts à compte tenu de sa position ou de sa fonction ».

Le délit de trafic d’influence serait également touché car l’Espagne le sanctionne de 6 mois à 2 ans de prison pour les fonctionnaires et les personnes qui influencent un employé ou un agent public « en profitant de l’exercice des pouvoirs de leur fonction ou de toute autre situation dérivée de sa relation personnelle ou hiérarchique avec lui ou avec un autre fonctionnaire ou autorité pour obtenir une résolution susceptible de générer directement ou indirectement un avantage économique pour lui-même ou pour un tiers ».

ENRICHISSEMENT ILLICITE

Dans le même ordre d’idées, la sanction de certains types d’entrave à la justice devrait être renforcée afin que la peine maximale soit d’au moins 6 ans. Par exemple, l’affaire qui prévoit des peines de 1 à 4 ans de prison pour ceux qui « avec violence ou intimidation tentent d’influencer directement ou indirectement quiconque est le plaignant, la partie ou le défendeur, l’avocat, le procureur, l’expert, l’interprète ou le témoin dans une procédure de sorte que modifier son action procédurale ».

La même peine, de 1 à 4 ans de prison, est prévue par le CP pour « quiconque accomplit un acte qui menace la vie, l’intégrité, la liberté, la liberté sexuelle ou la propriété, en représailles contre les personnes mentionnées à l’article précédent, pour leurs actions dans les procédures judiciaires ».

De plus, à l’heure actuelle, quiconque « intervenant dans un procès en tant qu’avocat ou mandataire, avec abus de sa fonction, détruit, rend inutiles ou dissimule des documents ou actions dont il a reçu transfert en cette qualité, est puni d’une peine de 6 mois et 2 ans de prison. ».

Le nouveau délit d’enrichissement illicite resterait également en deçà des exigences de Bruxelles, également introduites dans la dernière réforme pénale, puisque Bruxelles vise une peine maximale d’au moins 4 ans et qu’actuellement l’arc criminel oscille entre 6 mois et 3 ans.

Ce crime punit « l’autorité qui, au cours de l’exercice de sa fonction ou de son poste et jusqu’à cinq ans après son départ, a obtenu une augmentation de patrimoine ou une annulation d’obligations ou de dettes d’une valeur supérieure à 250 000 euros au titre de ses revenu, et refusera ouvertement de se conformer aux exigences des instances compétentes destinées à vérifier sa justification ».