Borrell estime que l'augmentation des dépenses de défense à 5 % est « un caprice autoritaire des États-Unis » : « Cela n'a pas beaucoup de logique »

Le JEMAD prévient que la Russie, le terrorisme et les guerres hybrides dans le domaine cybernétique constituent les « principales menaces pour l'Europe »

MADRID, 15 octobre (EUROPA PRESS) –

L'ancien haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a souligné ce mercredi que porter les dépenses de défense de l'Espagne à 5% du PIB répond, selon lui, à « un caprice autoritaire » des États-Unis. « Cela n'a pas beaucoup de logique », a-t-il soutenu.

« La société espagnole est ébranlée par l'objectif de dépenses militaires (…) Ce chiffre de 5% est un chiffre arbitraire, qui ne convient pas à tous les pays en même temps (…) Cela n'a pas beaucoup de logique, c'est peut-être plutôt un caprice autoritaire du pays le plus important de l'Alliance atlantique qu'une nécessité objective », a-t-il déclaré lors de son discours au forum « 40 ans après l'adhésion : comment l'Espagne veut que l'Europe soit » de la Fondation Carlos Anvers, tenu à Madrid.

Cela s'est exprimé après que le président américain Donald Trump a proposé d'exclure l'Espagne de l'OTAN en raison de désaccords sur l'augmentation des dépenses de défense, étant donné le refus du gouvernement d'atteindre 5% du PIB d'ici 2035. « J'ai demandé qu'ils paient 5% et non 2%, et la majorité pensait que cela n'arriverait pas, et cela a été approuvé pratiquement à l'unanimité. Nous avions un pays qui était en retard: l'Espagne. (…) Franchement, peut-être qu'ils devraient être expulsés de l'OTAN. L'OTAN », a prévenu jeudi dernier le magnat républicain.

Cependant, Borrell a souligné que « sans aucun doute » l'Espagne devrait augmenter ses dépenses de défense car, selon lui, il doute qu'elles puissent rester autour de 2%, un chiffre qu'il considère comme un « objectif modeste ». En ce sens, il a précisé que l'Europe doit « coordonner ses actions » : « Nous ne pouvons pas augmenter les capacités militaires de chaque pays séparément, sans accroître les synergies et l'interopérabilité de nos forces ».

Ainsi, a-t-il souligné, même si l'OTAN « a été l'instrument de défense territoriale de l'Europe et continuera de l'être pendant longtemps », selon lui, « nous ne sommes pas non plus très sûrs de sa capacité effective » à remplir ses engagements ; et a mis en garde contre « deux vérités inconfortables ».

« La première est que nous, Européens, avons négligé, voire abandonné, notre base militaire de défense. Petit à petit, nous nous sommes laissés aller et nous avons perdu notre base industrielle. Et la deuxième vérité inconfortable est le manque de fiabilité des alliances militaires », a-t-il déploré.

RUSSIE, TERRORISME ET CYBER-SABOTAGE

Pour sa part, le chef d'état-major de la Défense (JEMAD), l'amiral général Teodoro Esteban López Calderón – qui a également participé au débat – a souligné que le « concept stratégique » de l'Alliance atlantique définit clairement « deux menaces principales pour l'Europe » du point de vue de la défense : « L'une est la Russie et l'autre le terrorisme ».

« Et il ne s'agit pas uniquement des terroristes. L'un des problèmes graves dont souffre directement l'Europe est ce que l'on appelle les activités hybrides, voire la guerre », a-t-il souligné, avertissant que dans les années à venir, « une grande prudence » devra être prise et avoir « une stratégie de défense contre ces menaces hybrides dans le domaine cyber ».

« Nous parlons de problèmes de sabotage, d'une série d'activités : désinformation, intervention de ce type d'outils qui influencent même les processus électoraux… Toutes ces menaces ne proviennent pas toutes du domaine terroriste, mais c'est une réalité que nous vivons aujourd'hui », a-t-il conclu.