Albares se rend en Algérie pour tourner la page de la crise et relancer la relation économique

Le ministre rencontrera son homologue algérien et tiendra une réunion avec des hommes d’affaires espagnols dans le pays

Le ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares, se rend ce lundi à Alger à l’invitation de son homologue algérien, Ahmed Attaf, pour tourner définitivement la page de la crise diplomatique et relancer la relation économique, en pleine crise. le dégel des échanges commerciaux entre les deux pays.

Près de deux ans après que le soutien du gouvernement au plan marocain d’autonomie pour le Sahara ait provoqué le retrait de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid, Albares arrive dans la capitale algérienne pour entamer une nouvelle étape dans la relation bilatérale, après qu’Alger a finalement décidé d’examiner le désaccord sur .

L’agenda du voyage comprend une rencontre avec son homologue algérien, ainsi qu’une rencontre avec des hommes d’affaires espagnols présents dans ce pays maghrébin et une autre avec des hispaniques, selon des sources diplomatiques informées à Europa Press, qui n’a pas souhaité donner plus de détails sur les questions que le Le ministre s’adressera à ses interlocuteurs.

L’Algérie, principal partisan des thèses du Front Polisario, a convoqué son ambassadeur pour consultations le 19 mars 2022, bouleversée par le soutien explicite du président du gouvernement, Pedro Sánchez, au plan marocain d’autonomie pour le Sahara, après dans une lettre envoyé à Mohamed VI qui, révélé par Rabat, a assuré qu’il s’agit de « la base la plus sérieuse, la plus crédible et la plus réaliste » pour résoudre le conflit.

En juin, après avoir confirmé que le gouvernement n’allait pas revenir sur ce changement de position traditionnelle, malgré les critiques de l’ensemble du spectre parlementaire, y compris de ses partenaires de la coalition, le président algérien Abdelmayid Tebune a ordonné la suspension du Traité d’amitié.

Par la suite, l’Association algérienne des banques et des entités financières (ABEF) a donné des instructions pour que toutes les opérations bancaires liées aux importations et exportations avec l’Espagne soient suspendues.

LE COMMERCE PARALYSÉ

Bien que le gouvernement algérien ait déclaré plus tard que cet ordre avait été inversé, la vérité est que le commerce entre les deux pays était pratiquement paralysé, avec pour conséquence des pertes pour les entreprises espagnoles ayant des intérêts dans ce pays du Maghreb.

Le gouvernement, par l’intermédiaire d’Albares, a réagi immédiatement et, les compétences commerciales étant transférées à Bruxelles, il s’est rendu dans la capitale européenne pour solliciter le soutien de la Commission européenne, qui se réservait la possibilité d’agir en la matière si les mesures prises contre l’Espagne étaient contraires aux l’accord d’association. Cependant, depuis plus de 18 mois, l’Exécutif Communautaire n’a pris aucune mesure.

Même si les échanges commerciaux ont été durement sanctionnés, l’approvisionnement en gaz n’a jamais été interrompu. Dès le début, Tebune a affirmé que l’Algérie respecterait les contrats signés et le gouvernement espagnol n’a pas ménagé ses éloges durant tous ces mois à cet égard, soulignant qu’il est un partenaire fiable.

Sur le plan politique, il n’y a eu aucun geste significatif jusqu’à ce que l’Algérie demande l’approbation de son nouvel ambassadeur en novembre, une étape avant le retour de son représentant à Madrid et signe que le gouvernement algérien voulait tourner la page du désaccord.

La décision a été motivée, comme l’a expliqué plus tard le ministre algérien des Affaires étrangères dans une interview à Al Jazeera, par la position exprimée par Sánchez concernant le Sahara dans son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU en septembre dernier, car selon lui, il y avait un « changement » de politique. position.

Ensuite, le président du gouvernement n’a pas évoqué le plan marocain d’autonomie et s’est limité à soutenir « une solution politique mutuellement acceptable dans le cadre de la charte des Nations Unies et des résolutions du Conseil de sécurité ».

RETOUR DE L’AMBASSADEUR

Ainsi, le nouvel ambassadeur d’Algérie, Abdelfetá Daghmun, est arrivé à Madrid le 14 décembre, coïncidant paradoxalement avec la visite qu’Albares effectuait ce jour-là à Rabat pour rencontrer son homologue marocain, Naser Burita.

L’arrivée de 2024 apporte de bonnes nouvelles sur le plan commercial. Ainsi, le 14 janvier, l’ABEF a annoncé à ses adhérents que l’importation de produits avicoles était autorisée, notamment les poussins de chair, les poulettes pondeuses et les œufs destinés à l’incubation, tandis que le 5 février elle a donné son feu vert à l’entrée au pays de la viande rouge. d’Espagne.

Le choix de ces deux secteurs par les autorités algériennes n’est pas un hasard. Les deux produits sont très demandés et ont connu une forte hausse des prix. Compte tenu de la proximité du Ramadan, le mois sacré du jeûne, le gouvernement a voulu garantir l’approvisionnement en provenance d’Espagne.

D’autre part, l’Exécutif algérien a également fait un geste en faveur de l’Espagne dans son combat particulier avec le Maroc. Le 10 janvier, l’ABEF a interdit la domiciliation des contrats de transport de marchandises prévoyant un transbordement ou un transit par les ports marocains.

Cette mesure visait à nuire en particulier au port de Tanger-Med mais a eu pour bénéficiaires indirects les ports espagnols, puisque certaines des grandes entreprises de transport de marchandises ont déjà donné instruction de détourner leurs navires vers l’Espagne au lieu de s’arrêter au Maroc.

Mais les autorités algériennes ont également adopté une autre mesure qui porte préjudice à certaines entreprises espagnoles. Concrètement, l’importation de produits finis en céramique et en marbre a été interdite dans le cadre des mesures que le gouvernement algérien a adoptées en vue de renforcer et de promouvoir la production nationale.