Pratiques anticoncurrentielles: la Commission ouvre une enquête sur d’éventuelles pratiques anticoncurrentielles de Renfe dans le domaine de la billetterie ferroviaire en ligne

La Commission européenne a ouvert une enquête formelle pour déterminer si Renfe a abusé de sa position dominante sur le marché espagnol du transport ferroviaire de voyageurs en refusant de fournir tout son contenu et ses données en temps réel aux plateformes de billetterie concurrentes.

Renfe est l’opérateur historique ferroviaire public espagnol. Renfe vend ses billets hors ligne et en ligne soit (i) directement via ses sites Web et applications (c’est-à-dire Renfe et Cercanías) et sa plateforme de mobilité (c’est-à-dire dōcō) ; ou (ii) indirectement via des plateformes de billetterie tierces. Les plates-formes de billetterie tierces sont des entreprises qui fournissent des services de billetterie en ligne aux clients via des applications ou des sites Web (c’est-à-dire des agences de voyages en ligne).

La Commission craint que Renfe n’ait restreint la concurrence sur le marché espagnol des services de billetterie ferroviaire en ligne en refuser de fournir plateformes de billetterie tierces avec : (i) contenu complet concernant sa gamme de billets, ses réductions et ses fonctionnalités ; et (ii) données en temps réel (avant le voyage, pendant le voyage ou après le voyage) liés à ses services de transport ferroviaire de voyageurs.

Renfe propose actuellement son contenu et ses données en temps réel sur ses propres sites Web et applications, mais a peut-être refusé de fournir directement l’accès à toutes ces informations aux plateformes de billetterie tierces. Les plateformes de billetterie tierces affichent les offres de différents transporteurs ferroviaires et offrent aux clients des services de recherche, de comparaison, de réservation et de paiement en ligne. Ces plateformes doivent avoir accès à l’intégralité du contenu et des données en temps réel de Renfe pour adapter leurs offres aux besoins des clients.

La Commission craint que le prétendu refus de Renfe de fournir ce contenu et ces données en temps réel n’empêche les plateformes de concurrencer les propres chaînes numériques directes de Renfe au détriment des consommateurs. S’il est avéré, le comportement faisant l’objet de l’enquête peut enfreindre les règles de concurrence de l’UE, qui interdisent l’abus de position dominante[article 102 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (« TFUE »)].

La Commission va maintenant mener son enquête approfondie en priorité. L’ouverture d’une enquête formelle ne préjuge pas de son issue.

Parallèlement à l’ouverture de la procédure, la Commission a adopté une évaluation préliminaire résumant les principaux faits de l’affaire et identifiant ses problèmes de concurrence. Pour répondre aux préoccupations de la Commission, Renfe peut désormais présenter des engagements.

Arrière-plan

Article 102 TFUE interdit l’abus de position dominante susceptible d’affecter le commerce au sein de l’UE et d’empêcher ou de restreindre la concurrence. La mise en œuvre de cette disposition est définie dans le règlement antitrust (Règlement du Conseil n° 1/2003), qui peuvent également être appliquées par les autorités nationales de concurrence.

Une évaluation préliminaire résume les principaux faits de l’affaire et identifie les problèmes de concurrence de la Commission. Pour répondre à ces préoccupations, le destinataire de l’évaluation préliminaire peut proposer des engagements conformément à l’article 9, paragraphe 1, du règlement antitrust, qui permet à la Commission de conclure une procédure antitrust en acceptant des engagements offerts par une entreprise. Une telle décision n’aboutit pas à une conclusion quant à l’existence d’une infraction aux règles antitrust de l’UE, mais oblige légalement l’entreprise à respecter les engagements soumis.

L’article 11, paragraphe 6, du règlement antitrust prévoit que l’ouverture d’une procédure par la Commission dispense les autorités de concurrence des États membres de leur compétence pour appliquer les règles de concurrence de l’UE aux pratiques concernées. L’article 16, paragraphe 1, prévoit en outre que les juridictions nationales doivent éviter d’adopter des décisions qui seraient contraires à une décision envisagée par la Commission dans une procédure qu’elle a engagée.

La Commission a informé Renfe et les autorités de concurrence des États membres qu’elle avait ouvert une procédure dans cette affaire. Il n’y a pas de délai légal pour mettre fin à une enquête antitrust. La durée d’une enquête antitrust dépend d’un certain nombre de facteurs, dont la complexité de l’affaire, la coopération des entreprises avec la Commission et l’exercice des droits de la défense.

De plus amples informations sur l’enquête seront disponibles sur le site Web de la Commission. site du concoursen public registre des cas sous le numéro de dossier AT.40735.