Pêche : l’UE fait des propositions pour la conservation et la gestion durable du thon dans l’océan Indien

L’Union européenne a rendu publiques aujourd’hui quatre propositions ambitieuses pour la prochaine session de la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI) qui se tiendra du 8 au 12 mai 2023. L’objectif est d’améliorer la conservation des thons et la gestion des pêcheries. Selon le Comité scientifique de la CTOI, la situation actuelle du stock et le niveau de pêche dans l’océan Indien ne sont pas durables. Parallèlement aux nouvelles propositions, l’UE a déposé une objection à la résolution 23/02 de la CTOI sur la gestion des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dérivants.

Un haut niveau d’ambition

Lors de la prochaine session annuelle de la CTOI, l’UE encouragera l’adoption des propositions suivantes :

  • UN plan pluriannuel de gestion des thons tropicaux, pour améliorer la gestion des trois stocks de thons tropicaux (albacore, patudo et listao). Le Comité scientifique de la CTOI considère que la situation actuelle du stock et le niveau de pêche dans l’océan Indien ne sont pas durables. Ce plan multi-espèces durerait 3 ans et réduirait le niveau des captures conformément aux avis scientifiques. Des plans multi-espèces ont été adoptés et mis en œuvre avec succès par d’autres organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) mais ce serait la première fois au sein de la CTOI. L’UE propose une réduction proportionnelle des captures tenant compte à la fois du niveau actuel des captures pour chaque membre de la CTOI et de leur état de développement afin de garantir que les pays en développement soient traités équitablement.
  • Un régime pour la arraisonnement et inspection des navires en haute mer. Assurer l’inspection des navires de pêche en haute mer est l’un des outils les plus importants et les plus efficaces pour garantir le respect des règles de la CTOI et, plus important encore, pour lutter Illégal, non déclaré et non réglementé activités de pêche (INN). La pêche INN est la plus grande menace pour la gestion durable des pêches et de l’écosystème marin. L’UE espère s’appuyer sur la discussion initiale entamée en 2022, où la plupart des membres de la CTOI ont exprimé leur soutien à la proposition.
  • Une mise à jour des règles du comité d’application de la CTOI pour améliorer le processus de conformité, pour s’assurer que les activités de pêche sont menées conformément aux lois, règlements et mesures de conservation applicables. Le Comité d’application est l’organe qui surveille la mise en œuvre des règles et obligations existantes par les membres de la CTOI. La conformité a été un point faible de la CTOI et cette proposition identifiera et traitera les domaines de non-conformité. Il aidera également les pays côtiers en développement à mieux surveiller leurs flottes, leurs ports et les eaux sous leur juridiction.
  • Une nouvelle résolution pour le gestion des dispositifs de concentration de poissons dérivants (DCP) pour remplacer la résolution 23/02, adoptée lors de la session spéciale de février de la CTOI. L’objectif de l’UE est d’améliorer les obligations techniquement difficiles à mettre en œuvre, de clarifier les dispositions peu claires et d’aligner le texte sur les avis scientifiques. La proposition aborde tous les aspects pertinents de la pêche sous DCP, du marquage à la lutte contre la pollution plastique en passant par la limitation du nombre de DCP, tout en améliorant les dispositions les plus difficiles de la résolution 23/02 pour assurer sa mise en œuvre efficace.

Objection à la résolution sur les dispositifs de concentration de poissons (DCP)

Outre la soumission de la proposition améliorée sur les DCP, l’UE a également décidé de s’opposer à la résolution 23/02 de la CTOI.

Lors de la session spéciale de la CTOI de février 2023 sur les DCP, la résolution 23/02 sur la gestion des DCP dérivants a été adoptée à la majorité, contre tous les membres de la CTOI pêchant sur les DCP dérivants. En conséquence, de nombreux membres de la CTOI ont déposé une objection à cette résolution, notamment l’UE, les Comores, Oman, le Kenya, les Seychelles et les Philippines.

L’UE estime que les membres de la CTOI doivent travailler de manière coopérative et que tous les efforts doivent être épuisés pour parvenir à un consensus. Les mesures de conservation ne doivent pas inclure de dispositions qui ne sont pas applicables ou qui ne sont pas claires. Il est également essentiel que les décisions de gestion des ORGP soient étayées par des avis scientifiques.

Suite à leur objection, les pays objectants, ne seront pas liés par cette résolution et n’auront pas à mettre en œuvre toutes ses dispositions.

Arrière-plan

Le Commission des thons de l’océan Indien (CTOI) est le organisation régionale de gestion des pêches (ORGP) mandatée pour gérer les pêcheries de thons et d’espèces apparentées dans l’océan Indien et les mers adjacentes. Il a été établi en 1993 et ​​est entré en vigueur en 1996.

C’est une organisation intergouvernementale regroupant les pays riverains de l’océan Indien et les pays ayant un intérêt dans la pêche au thon dans la région. Les objectifs sont de promouvoir la coopération entre ses membres pour la conservation et l’utilisation optimale des stocks de thon dans la région et d’assurer l’établissement d’une pêche durable dans la région. Pour atteindre ces objectifs, les membres de la CTOI se réunissent chaque année, discutent et adoptent des mesures pour la conservation et la gestion des thonidés et des espèces apparentées.

L’UE est devenue membre de la CTOI en 1995. Les autres membres de la CTOI sont l’Australie, le Bangladesh, la Chine, les Comores, l’Érythrée, la France pour le compte de ses territoires d’outre-mer, l’Inde, l’Indonésie, l’Iran, le Japon, le Kenya, la Corée, Madagascar, la Malaisie, Maldives, Maurice, Mozambique, Oman, Pakistan, Philippines, Seychelles, Somalie, Sri Lanka, Afrique du Sud, Soudan, Tanzanie, Thaïlande, Royaume-Uni et Yémen.