Albares et Borrell plaident pour des « solutions africaines » après une réunion qui a abouti à des sanctions contre les putschistes nigériens
TOLÈDE, le 31 août (EUROPA PRESS) –
Le haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, Josep Borrell, a annoncé que les Vingt-Sept étudieraient « toute proposition » avancée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour restaurer « l’ordre constitutionnel » au Niger, à la fin d’une réunion de ministres au cours de laquelle il a été convenu l’imposition future de sanctions contre les putschistes et au cours de laquelle il a été clairement indiqué que ce qui s’est passé au Gabon diffère en raison des doutes sur les dernières élections.
La réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE, tenue ce jeudi à Tolède, comptait parmi ses invités le principal représentant diplomatique de celui qui, à ce jour, est toujours considéré comme le gouvernement « légitime » du Niger. « Nous bénéficions déjà du soutien politique et moral » de l’UE, a souligné le ministre nigérian des Affaires étrangères, Hassoumi Massoudou, dans des déclarations à la presse, précisant que ce qu’ils souhaitent désormais, c’est que les Vingt-Sept « accompagnent la CEDEAO ». « C’est le message que nous avons apporté et je pense qu’ils nous ont entendus », a-t-il ajouté.
Dans ce sens, lui et le président de la commission de cette organisation, Omar Touray, ont expliqué aux ministres européens la position adoptée par la CEDEAO et les démarches qu’elle a entreprises et ont répondu aux « questions légitimes » qui ont été posées. à eux. La CEDEAO, a souligné Touray, « a adopté une position très ferme contre les actions entreprises par certains membres de l’armée nigérienne ».
Parmi les options envisagées par le bloc figure la possibilité d’une intervention militaire, une hypothèse sur laquelle Borrell et le ministre espagnol José Manuel Albares ont évité de commenter, affirmant qu’elle n’était pas encore sur la table. Ils conviennent qu’il faut « restaurer l’ordre constitutionnel » et que, dans ce contexte, c’est la CEDEAO qui prend les devants, car des « solutions africaines aux problèmes africains » sont nécessaires.
L’UE privilégie la voie diplomatique, mais étant donné la réticence de la junte militaire à revenir sur le coup d’État de juillet, elle a déjà accepté de lancer des sanctions individuelles conformes, « strictement », à la voie tracée par la CEDEAO. Il y aura des exceptions humanitaires, a précisé Borrell, afin que « les sanctions ne deviennent pas une punition supplémentaire pour le deuxième pays le plus pauvre du monde ».
« Nous sommes ouverts à l’examen de propositions concrètes et détaillées (de la CEDEAO), mais notre volonté d’examiner et d’étudier les propositions qu’elles font est totale », a ajouté le Haut Représentant. « Qu’est-ce qui va se passer ensuite ? Je ne sais pas. C’est la CEDEAO qui décidera », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Borrell a également profité de l’occasion pour souligner la « solidarité » européenne avec la France, après que le conseil d’administration a ordonné le départ de son ambassadeur et qu’il a même ordonné ce jeudi à la police de l’expulser, alléguant qu’une fois le délai initialement accordé pour quitter le pays, ne dispose pas de l’immunité diplomatique.
DIFFÉRENCES AVEC LE GABON
Borrell et Albares ont tous deux appelé à la libération de Bazoum, « l’autorité démocratiquement élue » au Niger, et ont souligné l’importance d’œuvrer pour la stabilité au Sahel. Ce sont des « voisins » africains « très directs », comme l’a souligné le chef de la diplomatie espagnole.
Le Haut Représentant européen a influencé la position qu’il avait déjà révélée avant la réunion et a glissé des « différences » entre les cas du Niger et du Gabon -ce dernier déjà en dehors de l’orbite de la CEDEAO »–. Au Gabon, selon Borrell, les élections qui garantissaient un nouveau mandat au président Ali Bongo suscitaient déjà « de nombreux doutes » quant à leur « validité démocratique ».
Cependant, immédiatement après, il a également souligné que « rien ne justifie le coup d’État » et a plaidé, dans le cas du Gabon, pour résoudre tout différend par un dialogue inclusif : « C’est un meilleur moyen que la force pour que la volonté du peuple gabonais soit respectée ».
UKRAINE
La guerre en Ukraine a été une autre des questions majeures de ce conseil informel, auquel a participé le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dimitro Kuleba. L’UE recherche « une paix juste » dans laquelle l’Ukraine ne doit pas renoncer à « son intégrité territoriale et sa souveraineté », pour laquelle elle a voulu souligner qu’elle sera aux côtés de l’Ukraine « aujourd’hui, demain et toujours » et dans différents domaines, de du politique à l’économique, en passant aussi par le militaire, « pendant la guerre et après la guerre ».
Borrell a présenté à la réunion sa proposition d’allouer 20 milliards d’euros au cours des quatre prochaines années, à raison de 5 milliards par an, dans le cadre du Mécanisme européen pour la paix, afin de maintenir de manière prévisible l’aide militaire à l’Ukraine dans le temps. Il souhaite également porter à 40 000 le nombre de soldats ukrainiens qui recevront une formation dans les États membres de l’UE.
Le chef de la diplomatie européenne a réitéré son soutien à la formule de paix présentée par le président ukrainien Volodimir Zelenski, « la seule qui soit discutée dans les forums internationaux », et a averti que la décision de la Russie de rompre l’accord d’exportation de céréales est des pays qui, a priori, pourraient être plus équidistants, « blâment » désormais Moscou pour la détérioration de la sécurité alimentaire.
L’Ukraine attend également le rapport final de la Commission européenne pour son éventuelle adhésion au bloc. Albares a souligné « l’engagement » de l’Espagne, en tant que président tournant du Conseil, à « relancer » le processus dès que le rapport de Bruxelles sera connu, même s’il n’y a pas de date limite pour entamer les négociations d’adhésion – Kuleba espère qu’il en sera de même année–.