MADRID, 19 octobre (EUROPA PRESS) –
L'UE a défendu ce samedi une solution « réaliste et pragmatique » au différend sur l'ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, contrôlée par le Maroc, en réponse à la nouvelle proposition de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, du possibilité de partition du territoire entre le Maroc et le Front Polisario.
« Toute solution à la question du Sahara occidental doit être juste, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable, basée sur un compromis et conforme aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies », a déclaré un porte-parole de l'UE dans des déclarations à Europa Press. « Nous réitérons l'importance pour l'Union européenne de préserver la stabilité régionale », a-t-il ajouté.
De Mistura a proposé mercredi dernier devant le Conseil de sécurité de l'ONU une « partition » en deux territoires, de telle sorte que le Maroc conserve le contrôle de la zone nord et que le sud devienne considéré comme un pays indépendant.
Cet « engagement » permettrait, d'une part, à Rabat d'appliquer le plan d'autonomie, formulé en 2007, et, d'autre part, « il garantirait le droit à l'autodétermination de la population du Sahara occidental ».
De Mistura lui-même a reconnu qu’il ne s’agissait pas d’une idée nouvelle puisque l’un de ses prédécesseurs, James Baker, l’avait proposée il y a plus de vingt ans. Selon ce plan, les territoires contrôlés par la Mauritanie dans les années 1970 dans le cadre d'un accord avec le Maroc seraient pris comme références.
« Certains pays de la région et d'autres zones ont exprimé leur intérêt pour cette possibilité de diviser le territoire », a déclaré De Mistura, sans entrer dans les détails concernant les gouvernements auxquels il fait référence.
Il a toutefois précisé qu'il n'y avait « aucun signe » que le Maroc ou le Front Polisario soient disposés à étudier cette idée, ce qu'il « regrette » car, selon lui, « elle mérite d'être prise en compte ».
De Mistura a fait appel au « sentiment d'urgence » et a exhorté les parties à faire preuve de « créativité » dans la recherche de solutions « mutuellement acceptables », car il a reconnu que le conflit historique entraîne également des « implications » de nature pratique. serait démontré par les récents arrêts de la Cour de justice de l’UE (CJUE) qui annulent les accords de commerce et de pêche avec le Maroc.
Rabat a souligné ces derniers mois le soutien international croissant à son projet d'autonomie et De Mistura a admis qu'il existe des « initiatives bilatérales » à cet égard, citant comme « exemple clair » la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
Il a toutefois indiqué qu'il est temps pour le Maroc « d'expliquer et d'élargir » le plan susmentionné, car il manque des « détails » dans le « plan en trois pages » du roi Mohamed VI. « La population affectée a le droit de mieux savoir ce qui est proposé », a-t-il ajouté.
D'autre part, et compte tenu du fait que tant la Charte des Nations Unies que l'ensemble du droit international exigent la « pleine application » du droit à l'autodétermination de la population sahraouie, il a également exhorté le Front Polisario à y faire face avec « un esprit de réalisme » et d'engagement » dans le processus.
L'ancienne colonie espagnole du Sahara occidental a été occupée par le Maroc en 1975 malgré la résistance du Front Polisario, avec lequel elle est restée en guerre jusqu'en 1991, date à laquelle les deux parties ont signé un cessez-le-feu en vue d'organiser un référendum d'autodétermination. Les divergences sur la préparation du recensement et l'inclusion ou non des colons marocains ont empêché sa convocation jusqu'à présent.
Le dernier revers pour les Sahraouis a été le soutien des gouvernements espagnol et français au plan d'autonomie marocain, un changement de position qualifié de trahison par le Polisario, qui rappelle également que l'Espagne est toujours « de jure » la puissance administrative du Sahara occidental.