L’ONU et l’UE dénoncent le procès pour haute trahison contre Bazoum annoncé par la junte militaire du Niger

Les États-Unis qualifient la décision d' »injustifiée », qui « ne contribuera pas à la résolution pacifique de la crise »

MADRID, 14 (EUROPA PRESSE)

Le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, a dénoncé ce lundi la décision de la junte militaire putschiste du Niger de juger le président déchu Mohamed Bazoum pour haute trahison.

« Je dénonce la volonté de la junte d’accuser Mohamed Bazoum de haute trahison. Un nouveau geste provocateur contre la démocratie au Niger, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et les partenaires du Niger. Appel urgent au retour à l’ordre du droit constitutionnel et de la libération du président légitime », a publié Borrell sur son compte sur le réseau social X, anciennement Twitter.

De son côté, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a assuré que les déclarations de la junte militaire putschiste « sont préoccupantes », et a montré son inquiétude tant pour la santé du président que pour celle de sa famille malgré le fait que le Les militaires ont démenti les informations sur son mauvais état de santé.

De plus, il a montré son soutien au fait que la CEDEAO ait choisi de suivre la voie diplomatique pour résoudre la crise, puisqu’elle avait même menacé la junte nigérienne d’une intervention militaire.

L’instance régionale a également condamné une « nouvelle forme de provocation », et a rappelé que Bazoum continue d’être le président du Niger, démocratiquement élu par le peuple nigérien, et est une personnalité reconnue à la fois par l’instance régionale et la communauté internationale, pour qui a condamné sa détention « illégale » et demandé sa libération « immédiate ».

Le porte-parole adjoint du département d’État américain, Vedant Patel, s’est également associé aux condamnations de l’annonce d’un procès contre le président déchu, une action qu’il a qualifiée d' »injustifiée » et qui « ne contribuera pas à la résolution pacifique de la crise ».

« C’est un affront de plus, à notre avis, à la démocratie, à la justice et au respect de l’État de droit. Et une telle menace souligne l’urgence de respecter l’ordre constitutionnel au Niger », a déclaré Patel lors d’une conférence de presse.

En revanche, la CEDEAO tiendra une réunion extraordinaire des chefs d’Etat les 17 et 18 août dans la capitale du Ghana, Accra, après que l’organisation a décidé de la reporter samedi sans en détailler les raisons, a recueilli lundi Radio France Internationale. .

Le secrétaire du département d’État des États-Unis, Antony Blinken, et le président du Nigeria, Bola Tinubu, ont eu lundi une conversation téléphonique au cours de laquelle l’Américain a félicité le président nigérian pour son « leadership » au sein de la CEDEAO, et ils ont traité le rétablissement de ordre constitutionnel au Niger

L’organisation régionale avait donné un ultimatum au conseil d’administration pour réintégrer Bazoum sans écarter la possibilité d’une action armée pour atteindre cet objectif, bien qu’elle ait été favorable à l’épuisement de toutes les voies diplomatiques.

Un groupe de militaires dirigé par Abdourahmane Tchiani, ancien chef de la Garde présidentielle, a renversé Bazoum il y a plus de deux semaines. Le Niger a connu quatre autres – maintenant cinq – coups d’État depuis qu’il a obtenu son indépendance de la France en 1960, ainsi que plusieurs tentatives infructueuses, dont la dernière en 2021, quelques jours avant l’entrée en fonction du président désormais évincé.