Libre circulation des services: la Commission prend des mesures pour garantir le bon fonctionnement du marché unique des services

Aujourd’hui, la Commission poursuit 24 affaires contre plusieurs États membres pour violation de la législation relative aux services. Ces décisions sont prises pour assurer la mise en œuvre correcte des règles visant au bon fonctionnement du marché unique des services.

Les services sont cruciaux pour l’économie de l’UE. Ils représentent environ 70 % du PIB de l’UE et une part égale de son emploi. L’absence ou la mise en œuvre incorrecte de la législation de l’UE est l’une des raisons pour lesquelles le marché unique des services n’est pas performant. Des études récentes estiment les avantages potentiels à long terme de la suppression des obstacles au marché intra-UE des services entre 279 milliards d’euros et 457 milliards d’euros de PIB annuel supplémentaire. De même, la publication récemment publiée Rapport annuel sur le marché unique souligne qu’un marché unique véritablement intégré est une condition préalable pour que l’Europe puisse relever les défis géopolitiques actuels et développer une économie européenne résiliente et compétitive à l’échelle mondiale.

La Commission est déterminée à utiliser tous les outils disponibles pour continuer à supprimer les obstacles pour les entreprises qui cherchent à offrir des services transfrontaliers et à faciliter leurs activités. Ces obstacles entravent le plein potentiel du marché unique des services. Le secteur des services et les obstacles persistants méritent une attention particulière dans les efforts visant à renforcer la reprise et la résilience de l’UE.

La Commission poursuit ses efforts constants pour amener les États membres à réduire les restrictions dans le marché unique des services, en utilisant tous les instruments disponibles. Par exemple, le travail avec les États membres au sein de la task force sur l’application du marché unique (SMET) s’est particulièrement concentré sur les efforts de collaboration visant à simplifier le cadre réglementaire et à réduire les obstacles administratifs, y compris dans le secteur des services. SOLVIT est un autre instrument qui apporte des solutions pragmatiques aux citoyens et aux entreprises lorsqu’ils rencontrent des difficultés pour que leurs droits européens soient reconnus par les autorités publiques lorsqu’ils se déplacent ou font des affaires transfrontalières. La Commission a également constamment pris des mesures coercitives vigoureuses au cours des dernières années. Ces actions ont conduit à des améliorations tangibles dans l’intégration du marché unique des servicesen permettant la Commission aujourd’hui pour clore 18 affaires.

Ces réalisations concernent la version révisée Directive sur les qualifications professionnelles et suivre deux gros lots de procédures d’infraction lancées en 2018-2019. Les fermetures d’aujourd’hui apporteront des avantages concrets aux entreprises et aux travailleurs qui souhaitent fournir des services dans toute l’UE, tels que :

  • Supprimer l’obligation de passer un test de langue spécifique pour les professionnels de la santé en Pologne s’ils peuvent attester leurs connaissances d’une autre manière ;
  • Suppression de l’obligation de passer un test linguistique spécifique qui comprenait des contrôles de compétences non liés pour les professionnels de la santé aux Pays-Bas ;
  • Garantir des procédures accélérées pour la reconnaissance des qualifications professionnelles au Portugal ;
  • Suppression des restrictions disproportionnées au travail de guide touristique et de montagne en Bulgarie.

En outre, la Roumanie assure désormais la reconnaissance automatique du titre professionnel des avocats de l’UE, conformément à la Directive sur l’établissement des avocatsfacilitant la libre circulation des avocats dans l’UE.

En outre, les affaires clôturées qui concernaient la non-transposition complète ou correcte de la Directive sur les tests de proportionnalité dans la législation nationale contribuent à garantir que les États membres appliquent correctement le test de proportionnalité dans la pratique et empêchent ainsi l’introduction de règles injustifiées et disproportionnées qui nuisent au marché unique des services.

Les mesures d’application adoptées aujourd’hui visent à remédier au fait que les États membres n’ont pas correctement intégré les règles fondamentales du marché unique dans leurs propres cadres juridiques nationaux en temps voulu, ou n’ont pas veillé à ce que le cadre juridique national soit conforme aux règles de l’UE, créant ainsi des obstacles dans d’importants secteurs de services.

Directive européenne sur les tests de proportionnalité pour la réglementation des professions

Le Directive sur un test de proportionnalité avant l’adoption d’une nouvelle réglementation des professions, exige des États membres qu’ils s’assurent que toutes les exigences qu’ils introduisent pour les professions sont nécessaires et équilibrées. La directive prévoit un ensemble de critères visant à éviter des règles nationales inutilement contraignantes, qui peuvent empêcher des candidats qualifiés d’accéder à un large éventail de professions ou d’y exercer un large éventail de professions dans un autre État membre. La directive est un outil puissant pour faciliter l’accès et l’exercice d’activités réglementées par les professionnels dans l’ensemble de l’UE.

La question touche de nombreux Européens : environ 50 millions de personnes, soit 22 % de la population active européenne, exercent des professions dont l’accès est limité à ceux qui détiennent des qualifications spécifiques ou pour lesquelles l’utilisation d’un titre spécifique est protégée, par exemple les avocats ou les pharmaciens. Souvent, il y aura également des exigences spécifiques sur la manière dont la profession peut être exercée, telles que des limitations sur qui peut détenir les actions de ces sociétés ou comment ces services peuvent être annoncés. Veiller à ce que ces règles soient justifiées et proportionnées crée des avantages concrets pour les citoyens européens, tant pour les professionnels que pour les consommateurs.

La Commission a décidé d’envoyer 11 lettres de mise en demeure supplémentaires à Autriche, Bulgarie, Croatie, Chypre, Tchéquie, France, Grèce, Hongrie, Lettonie, Pays-Bas, Slovaquie, et une lettre de mise en demeure à Estonie veiller à ce que l’introduction d’une réglementation professionnelle par le biais d’amendements parlementaires fasse l’objet d’une évaluation préalable de la proportionnalité.

En outre, la Commission a décidé d’adresser 5 avis motivés à Allemagne, Lituanie, Pologne, Slovénie et Espagne pour ne pas avoir correctement mis en œuvre la directive européenne sur les tests de proportionnalité pour la réglementation des professions. Ces avis motivés portent notamment sur l’absence d’inclusion de toutes les mesures pertinentes dans les appréciations de proportionnalité, ou sur l’absence de mise en œuvre des garanties procédurales nécessaires ou de certains critères pour ces appréciations.

L’action entreprise aujourd’hui pour assurer sa bonne mise en œuvre contribuera à prévenir ou à supprimer les obstacles disproportionnés dans le marché unique, conformément aux objectifs du Plan d’action pour l’application des lois sur le marché unique de l’UE.

Application de la directive sur les services

Le Directive sur les services vise à supprimer les obstacles au commerce des services au sein de l’UE. Il a simplifié les procédures administratives pour les prestataires de services, renforcé les droits des consommateurs et des entreprises recevant des services et encouragé la coopération entre les pays de l’UE. En outre, il oblige les États membres à supprimer toutes les interdictions totales de communication commerciale, y compris toutes les interdictions totales d’une forme de communication commerciale, pour les professions réglementées.

  • Interdictions des communications commerciales des avocats

Les restrictions publicitaires pour les services juridiques entravent le développement des affaires et l’acquisition de clients. Ils freinent également le développement de la publicité sur les réseaux sociaux, freinant ainsi la transition vers l’ère numérique. Il a été démontré que la réduction de ces barrières réglementaires dans les services aux entreprises accroît la concurrence et la dynamique du secteur, entraînant une plus grande efficacité allocative et une baisse des prix pour les consommateurs.

La Commission a donc décidé d’ouvrir une procédure d’infraction contre Malte, Pologne et Slovénie pour avoir mis en place une interdiction totale de la publicité des activités des avocats contraire à la directive sur les services.

  • Obstacles aux activités des agents immobiliers

La Commission a décidé d’ouvrir une procédure d’infraction contre Chypre pour avoir mis en place des interdictions de s’associer avec d’autres professions dans le domaine de l’agence immobilière et Slovénie fixant des tarifs minimaux pour certains services d’intermédiation immobilière.

Une circulaire émise par l’autorité chypriote compétente interdit en effet aux personnes physiques non enregistrées en tant qu’agents immobiliers à Chypre de détenir des actions dans des agences immobilières. Exiger que 100 % des actions soient détenues par des agents immobiliers enregistrés à Chypre est une mesure disproportionnée qui enfreint la directive sur les services.

La loi slovène a introduit des restrictions tarifaires pour certains services d’intermédiation immobilière en violation de la directive sur les services.

La Commission a décidé d’ouvrir une procédure d’infraction contre Belgique pour avoir mis en place un régime de garantie disproportionné obligeant certains prestataires de services de construction à verser une garantie financière pour couvrir les paiements effectués par leurs clients.

Le régime de garantie imposé par la Belgique aux entrepreneurs dits non agréés pour la construction et la vente de logements à construire ou en construction a été fixé beaucoup plus haut (100%) que pour les entrepreneurs agréés (5%). Cela restreint la liberté d’établissement/de prestation de services des entrepreneurs en construction étrangers ainsi que des entreprises non liées à la construction (telles que les promoteurs immobiliers).

Selon la Commission, la loi belge imposant ce régime de garantie viole plusieurs dispositions de la directive sur les services.

La Commission a décidé d’ouvrir une procédure d’infraction contre Espagne pour n’avoir pas assuré une procédure de sélection transparente et impartiale pour l’attribution des concessions relatives aux zones côtières. En outre, selon la Commission, la possibilité de prolonger les concessions existantes jusqu’à 75 ans sans justification est contraire aux règles de l’UE.

La loi côtière espagnole prévoit la possibilité d’accorder des «concessions» (autorisations au sens de la directive sur les services) pour construire des locaux permanents (par exemple des restaurants, des agrofermes, une industrie papetière ou chimique, etc.) dans la zone dite «maritime-terrestre» domaine public», hors ports, sans procédure de sélection ouverte et transparente. Il prévoit également la possibilité de prolonger leur durée jusqu’à 75 ans, toujours sans procédure de sélection. Cette loi enfreint la directive sur les services.

Arrière-plan

La nécessité de s’attaquer aux obstacles dans le domaine des services est particulièrement aiguë : 60 % des obstacles auxquels les entreprises étaient confrontées il y a 20 ans existent toujours, selon l’étude récemment publiée Rapport annuel sur le marché unique. Les obstacles confirmés par les acteurs commerciaux comprennent des procédures nationales complexes et le manque d’informations à leur sujet ; des exigences nationales disproportionnées dans le domaine des services et des exigences administratives lourdes en matière de prestation de services, y compris en ce qui concerne le détachement de travailleurs. Bien que le cadre juridique d’un marché unique des services fonctionnant correctement ait été défini dans les traités et la législation de l’UE, l’incapacité à mettre en œuvre et à appliquer correctement ces règles au niveau national continue d’entraver la libre circulation des services. C’est pourquoi la Commission a élaboré un approche d’application multidimensionnellequi comprend non seulement des mesures coercitives ciblées et stratégiques « classiques », mais également une collaboration avec les États membres dans des enceintes telles que la Groupe de travail sur l’application du marché unique (SMET) et d’autres groupes d’experts spécialisés ; soutenir les États membres en documents d’orientation détaillés; et la prévention des obstacles au moyen de la directive sur les tests de proportionnalité ainsi que de la Directive sur la transparence du marché unique et Directive sur les services outils de notification.