La séance plénière du Parlement européen a de nouveau dénoncé ce jeudi la menace systémique que représente, selon elle, le gouvernement hongrois de Viktor Orbán pour les droits fondamentaux de l’Union européenne, pour laquelle elle a exhorté les 27 à avancer dans la procédure qui permettrait de sanctionner à Budapest pour confirmer les violations graves et continues de l’État de droit et a signalé d’éventuelles poursuites judiciaires contre Bruxelles pour avoir débloqué 10,2 milliards du fonds anti-crise pour la Hongrie.
Dans une résolution adoptée à Strasbourg (France) par 345 voix pour, 104 contre et 29 abstentions, la séance plénière prévient que l’Union « ne peut en aucun cas céder au chantage et commercer avec les intérêts stratégiques de l’Union et de ses alliés en renonçant leurs valeurs » et rappelons comment le Premier ministre hongrois a bloqué depuis décembre l’accord pour revoir le budget commun et engager une nouvelle aide à l’Ukraine qui a besoin de l’unanimité des 27.
Les députés critiquent l’inaction du Conseil et de la Commission européenne et regrettent qu’il n’y ait eu aucun progrès depuis cinq ans, lorsque le Parlement européen lui-même a activé l’article 7 des traités, lançant un mécanisme pour agir contre Budapest – par exemple en suspendant leur droit de vote lors des décisions du Conseil – si la régression démocratique dans le pays se confirmait.
C’est pourquoi ils exhortent les gouvernements à passer du dialogue à la deuxième phase du mécanisme de l’État de droit afin de déterminer si « des violations graves et persistantes des valeurs de l’Union » se produisent.
En outre, ils mettent en garde contre les conséquences qu’au cours du second semestre 2024 la présidence rotarienne du Conseil sera en charge de la Hongrie et demandent aux 27 des « solutions appropriées » pour atténuer son impact, ainsi que pour anticiper l’éventualité où Orbán assumera temporairement les rênes du Conseil européen si, d’ici juin, il n’y a pas de remplaçant pour l’actuel président, Charles Michel, qui quittera ses fonctions avant la fin de son mandat.
BLOCAGE DE FONDS
Les députés ont également critiqué le rôle de la Commission européenne dans le déblocage des premiers 10,2 milliards d’euros du fonds anti-crise pour la Hongrie, bien qu’ils aient été gelés en raison du manque de garanties démocratiques et que, selon les députés, les réformes judiciaires entreprises par le gouvernement hongrois pour débloquer l’argent ne suffisent pas à garantir l’État de droit.
Dans ce contexte, les députés préviennent que le Parlement européen commencera à étudier d’éventuelles actions en justice contre l’exécutif d’Ursula von der Leyen qui permettraient de révoquer la décision de débloquer les fonds. Mais pour franchir cette étape, il est nécessaire que la Commission Justice, Intérieur et Libertés Civiles (JURI) analyse les options et émette une recommandation.
Quoi qu’il en soit, la session plénière du Parlement européen exige qu’aucun paiement ne soit effectué à la Hongrie si les déficiences démocratiques persistent car, affirment les députés, tous les mécanismes de financement doivent être traités comme un seul paquet.
Les députés regrettent l’insuffisance des réformes en matière judiciaire, mais condamnent également les pratiques discriminatoires systémiques à l’encontre des universitaires, des journalistes, des partis politiques et de la société civile dans l’attribution des fonds.
De même, ils critiquent le recours à des procédures de marchés publics manipulées, les offres publiques d’achat du gouvernement et d’entités liées au Premier ministre, ainsi que l’utilisation de fonds européens pour enrichir les alliés politiques du gouvernement. Et ils dénoncent l’utilisation systématique de la communauté LGTBIQ+ comme bouc émissaire par les autorités hongroises.