La Pologne qualifie la CJUE de corrompue et l’accuse d’ingérence dans les affaires intérieures

MADRID, le 5 juin (EUROPA PRESS) –

Le gouvernement polonais a accusé la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) de s’ingérer dans les affaires intérieures en accusant une fois de plus un aspect clé de la réforme judiciaire approuvée en 2019, tout en remettant en cause le travail d’un organe qu’il juge « discrédité ».  » pour sa prétendue corruption.

Le tribunal a confirmé l’illégalité du régime disciplinaire que la Pologne a adopté pour punir les juges qui ont eu recours à la justice européenne, bien qu’il considère clos le processus pour lequel il a infligé une amende journalière à Varsovie pour ne pas avoir remédié à l’irrégularité et qui a coûté et au polonais autorités plus de 500 millions d’euros.

Pour le ministre de la Justice, Zbigniew Ziobro, qui a comparu devant les médias après l’arrêt, la Cour a une nouvelle fois outrepassé ses pouvoirs en se prononçant sur le système d’un État membre, alléguant que la Pologne n’y a pas donné son accord et que la CJUE interprète le contenu des traités de l’UE.

Varsovie s’accroche également aux arrêts de la Cour constitutionnelle polonaise selon lesquels « les questions systémiques liées au pouvoir judiciaire ne relèvent pas de l’Union européenne », comme l’a souligné Ziobro, alors même que la remise en cause de la primauté du droit communautaire est précisément l’une des différents fronts s’ouvrent avec Bruxelles.

Le ministre estime également qu’il convient d’abord d’éclaircir les « scandales » qui parsèment la tribune, faisant allusion à de prétendues collusions de magistrats et d’hommes politiques « lors de chasses ou de banquets », selon un communiqué diffusé par le ministère lui-même.

La Commission européenne a porté le régime disciplinaire des juges devant la CJUE, estimant que la réforme mettait en danger l’indépendance judiciaire de la Pologne et la Cour a rendu un premier arrêt jugeant le régime contraire au droit de l’UE et infligeant une amende d’un million d’euros par jour à Varsovie jusqu’à ce que des mesures correctives soient prises.

« C’est un jour important pour le rétablissement de l’indépendance de la justice en Pologne. La CJUE a confirmé notre analyse de la loi polonaise sur le pouvoir judiciaire de décembre 2019 », a déclaré le commissaire à la Justice dans un communiqué publié lundi sur les réseaux sociaux Didier Reynders.

Désormais, la Pologne doit se conformer à la sentence et corriger les dispositions de la réforme judiciaire que l’UE continue de considérer comme contraires au droit commun ou elle s’exposera au fait que la Commission européenne pourra à nouveau saisir la CJUE pour demander une nouvelle amende.