BRUXELLES, le 23 nov. (EUROPA PRESS) –
La vice-présidente de la Commission européenne chargée de la migration, Margaritis Schinas, a exhorté mercredi les gouvernements européens à débloquer la réforme du pacte européen sur la migration et l’asile négocié depuis deux ans afin de faire face à l’augmentation des arrivées par des itinéraires irréguliers tels que la Méditerranée centrale ou les Balkans, éviter les morts en haute mer et réduire les tensions entre les partenaires eux-mêmes.
« C’est ironique, nous avons tout ce dont nous avons besoin à portée de main mais hors de notre portée. C’est comme avoir un parachute et choisir de sauter de l’avion sans lui », a averti Schinas lors d’un débat sur la situation de l’immigration en session plénière du Parlement européen. européenne qui se tient à Strasbourg (France), deux jours seulement avant que les ministres de l’intérieur de l’UE ne se réunissent de manière extraordinaire à Bruxelles.
Ainsi, le vice-président de la Communauté a rappelé que deux ans se sont écoulés depuis qu’il a présenté, avec la commissaire à l’intérieur, Ylva Johansson, une proposition de réforme de la politique de migration et d’asile de l’UE qui vise à établir un équilibre entre la solidarité et la responsabilité des pays de l’UE.
Le pacte propose des mesures contraignantes, dont un mécanisme de répartition entre partenaires de l’accueil des réfugiés qui permettra aux gouvernements qui ne veulent pas assumer leur quota de contribuer financièrement, ainsi qu’un renforcement du contrôle de la frontière extérieure de l’UE. et un renforcement de la coopération avec les pays d’origine et de transit des itinéraires irréguliers pour arrêter les départs et accélérer les expulsions.
Dans ce contexte, Schinas a averti les capitales que l’Union européenne « n’a rien à réinventer » car elle dispose des instruments nécessaires pour répondre par des solutions européennes aux difficultés des États membres à gérer la pression migratoire.
Alors que l’accord pour la réforme fondamentale est recherché, a déclaré Schinas, les pays doivent également faire « plein usage » des instruments qu’ils ont déjà sur la table, par exemple le mécanisme de relocalisation volontaire que plus d’une douzaine de pays – parmi lesquels ils Espagne – approuvé en juin dernier.
Cette plateforme a été conçue avec l’engagement de transférer des milliers de migrants arrivés en premier dans les pays de première ligne comme l’Italie ou Malte vers d’autres pays du bloc mais, en pratique, elle a à peine servi à relocaliser une centaine de personnes.
Cependant, la Commission européenne voit dans cet instrument l’un des outils clés pour faire face à des crises immédiates telles que la situation en Méditerranée centrale, où des bateaux d’ONG effectuent des tâches de sauvetage pour sauver des migrants en haute mer mais se heurtent ensuite au refus de pays comme l’Italie. pour leur permettre de débarquer alors qu’il s’agit du port sûr le plus proche.
Après le dernier affrontement entre Rome et Paris, lorsque le gouvernement d’extrême droite Giorgia Meloni a refusé que le navire de l’ONG SOS Méditerranée arrive au port avec plus de 200 migrants secourus et les a obligés à se rediriger vers les Français libres, le gouvernement d’Emmanuel Macron a rompu avec l’engagement d’accueillir quelque 3 000 personnes dans le cadre de la plateforme européenne volontaire.
PLAN D’ACTION
En attendant, Schinas et Johansson apporteront à la réunion extraordinaire des ministres européens ce vendredi un plan d’action comportant une vingtaine de mesures, dont la réactivation de la plateforme de relocalisation volontaire qui, aux yeux de Bruxelles, peut servir de « passerelle » vers le mécanisme permanent qui existe dans le cadre du pacte migration et asile.
Parallèlement à la distribution volontaire, le plan de Bruxelles repose sur deux autres piliers : améliorer la coordination dans le domaine du sauvetage entre les États membres et avec des tiers tels que les ONG ou les agences européennes et relancer la coopération avec les pays tiers et les organisations internationales pour renforcer le contrôle des frontières aux points de départ des migrants et accélérer les retours.
À ce stade, l’exécutif communautaire attire l’attention sur le fait que la majorité des personnes arrivant par la route de la Méditerranée centrale proviennent d’Égypte, de Tunisie et du Bangladesh, bien qu’elles arrivent de Libye, raison pour laquelle l’UE les considère comme des migrants économiques sans droit au transport international. protection.
Pour cette raison, Bruxelles préconise de donner plus de moyens aux autorités libyennes et tunisiennes pour stopper les départs et lutter contre les mafias et rechercher des accords avec les pays d’origine pour assurer des expulsions rapides et sûres de leurs ressortissants.
« L’histoire ne se répète pas souvent, il faut tirer les leçons du passé », a demandé Schinas, rappelant la crise migratoire de 2015 et pointant l’urgence de s’accorder sur des solutions lors de la réunion ministérielle, sans oublier la « nécessité » de compter sur » des décisions contraignantes à long terme.
« Les mesures et les discussions urgentes sont utiles mais pas suffisantes », a insisté Schinas, avant d’appeler à des « solutions permanentes » et de souligner que l’UE les a « à portée de main ». « Nous pouvons le faire et nous devons le faire », a-t-il souligné.