- Selon le Secrétaire général de l’ONU, la réduction des inégalités est l’un des objectifs de développement durable les moins performants. La crise des inégalités compromet toutes nos chances d’assurer le progrès humain et la survie de la planète. Voici trois actions urgentes qui peuvent contribuer à combler le fossé grandissant des inégalités.
Rosa est une mère de deux enfants de 33 ans vivant à Madrid, en Espagne. Elle décrit sa vie comme celle de survivre plutôt que de vivre. Au milieu de la pandémie et de la crise du coût de la vie, elle, aux côtés de centaines de millions de personnes, lutte pour faire face à la hausse du coût de la vie. Pour les repas, sa famille ne mange que ce qu’elle peut se permettre d’acheter ; et pendant l’hiver, elle a adopté des alternatives telles que l’utilisation de couvertures, de robes chaudes et de pyjamas en flanelle pour se protéger du froid. Elle n’allume pas le chauffage de son appartement car elle ne pourrait pas payer la facture de gaz. Elle pense qu’« il n’y a qu’une seule façon pour les riches de rester riches : c’est pour vous, moi et tout le monde de rester pauvres ».
Nous vivons une époque de famine sans précédent, provoquée par la forte hausse du coût des produits de base, tandis que des millions de personnes subissent également les effets du changement climatique. Nous avons vu l’extrême pauvreté augmenter pour la première fois en 25 ans. Pourtant, quelques privilégiés sont clairement gagnants. Les plus riches sont devenus considérablement plus riches et les bénéfices des entreprises ont atteint des niveaux records, entraînant une explosion des inégalités. Notre modèle économique de libre marché qui donne à tout prix la priorité aux profits des quelques plus riches rend notre monde de plus en plus risqué et fragile. Des quartiers informels de Kibera au Kenya, de Dharavi à Mumbai à Neza au Mexique ; Dans les quartiers les plus pauvres de Londres et de New York, les richesses obscènes côtoient la pauvreté et la souffrance abjectes.
Une action urgente est nécessaire pour réduire les inégalités
Dans le Rapport d’avancement sur les objectifs de développement durable 2023le secrétaire général de l’ONU a noté que l’ODD10 – réduire les inégalités – est l’un des ODD les moins performants. Il n’a jamais été aussi urgent d’agir pour atteindre cet objectif, car pendant la pandémie de COVID-19 et la crise mondiale de l’inflation, les inégalités de revenus, de richesse et de santé se sont fortement accrues. Cela est vrai au sein des pays et entre eux. Les pays les plus pauvres manquaient de moyens financiers pour soutenir les revenus des pauvres ou faire face au COVID-19, et pour la première fois depuis trois décennies, l’écart entre le monde riche et le reste du monde se creuse à nouveau. L’écart entre les riches et les pauvres se creuse rapidement, et les inégalités économiques a atteint des niveaux inacceptables :
Nous savons que les inégalités extrêmes compromettent tous nos objectifs sociaux et environnementaux. De nombreuses études ont montré que les inégalités extrêmes rongent nos politiques, détruisent la confiance, limitent notre prospérité économique collective et affaiblissent le multilatéralisme. Nous savons également que sans une forte réduction des inégalités, les objectifs étroitement liés que sont l’élimination de la pauvreté et la prévention du dérèglement climatique seront impossibles à atteindre. Ces inégalités ne sont pas inévitables ; c’est le résultat de choix politiques. Nous sommes à un point critique, et il n’est pas trop tard pour faire le bon choix. Nous disposons des outils et des moyens nécessaires pour inverser cette catastrophe. Et cela est clairement justifié : réduire les inégalités nous permettrait de vivre dans les limites de nos limites planétaires, de mettre fin à la pauvreté, de consolider notre démocratie et d’atteindre les ODD. Nous connaissons les politiques éprouvées qui peuvent y parvenir. Des politiques telles que taxer la richesse et les revenus élevés, fournir des services publics universels comme la santé et l’éducation, garantir une protection sociale pour tous et des salaires équitables pour les travailleurs. Tous ces éléments peuvent contribuer à réduire l’écart. Il s’agit d’un appel à l’action pour le bien commun. Et nous devons répondre à cet appel par ces trois actions :
1. Réduire les inégalités de revenus entre les hauts et les bas revenus
Chaque nation devrait accepter de viser une situation dans laquelle les 10 % les plus riches ne gagnent pas plus que les 40 % les plus pauvres. Sans ce point final concret, nous manquons de direction car nous ne connaissons pas la destination.
2. Mesurer les inégalités pour suivre les progrès vers les ODD
Nous devons utiliser des mesures concrètes et éprouvées des inégalités pour suivre les progrès. Dans sa forme actuelle, l’indicateur de prospérité partagée, qui constitue le principal outil de suivi de l’ODD 10, est bien en deçà de ce qui est requis. Il mesure le bas, mais pas le haut, ce qui signifie qu’il ne mesure pas les inégalités. Les preuves montrent que Un pays sur cinq affichant une tendance positive en matière de prospérité partagée a simultanément vu les inégalités et les revenus des 10 % les plus riches augmenter. Il faut utiliser d’autres mesures éprouvées, comme le coefficient de Gini et le ratio de Palma. Et nous devrions mesurer non seulement les inégalités de revenus, mais aussi les inégalités de richesse, qui sont bien plus élevées.
3. Investissez dans les données sur les inégalités pour éclairer la prise de décision
Nous devons investir dans une révolution des données sur les inégalités. De nouvelles avancées en matière de données sur les inégalités doivent être adoptées pour permettre à chaque gouvernement de procéder à une analyse de haut niveau. Ce sera le seul moyen de garantir un large consensus politique sur la transformation que nos économies doivent opérer vers un avenir sans carbone.
Les interventions politiques sont cruciales
En faisant ces trois choses, nous pouvons faire une énorme différence. Partout dans le monde, les inégalités bafouent les espoirs et les ambitions de milliards de personnes parmi les plus pauvres. Sans interventions politiques dans l’intérêt du plus grand nombre, cette cascade de privilèges et de désavantages se poursuivra pendant des générations.