Voici comment les politiques climatiques et environnementales influencent les choix d’investissement énergétique

  • Les politiques climatiques et environnementales (CE) façonnent le secteur de l’énergie en influençant les perceptions et les comportements des acteurs du marché.
  • La recherche montre que des politiques CE plus fortes peuvent réduire le coût du capital pour la production d’énergie renouvelable tout en l’augmentant pour la production de pétrole et de gaz et de charbon, influençant directement les choix d’investissement entre les alternatives vertes et brunes.

Les gouvernements utilisent les politiques climatiques et environnementales (CE) pour influer sur l’ampleur, le rythme et la nature des changements dans le secteur de l’énergie en façonnant les perceptions et les comportements des acteurs du marché. Par exemple, les économistes de l’environnement préconisent depuis longtemps des instruments politiques, tels que la taxe sur le carbone ou le plafonnement et l’échange, pour tarifer les émissions de carbone et internaliser les dommages environnementaux causés par les émissions de dioxyde de carbone.

L’efficacité des politiques réside principalement dans leur rôle de stimulation de la croissance de l’innovation et de la capacité des énergies renouvelables. Ceci est souvent basé sur l’hypothèse ou la perception que les politiques d’EC augmentent les investissements dans les projets d’énergie renouvelable, soit directement, soit indirectement en réduisant le coût du capital. Le coût du capital est un levier clé de l’économie réelle, en raison de sa capacité à influencer les flux de capitaux et les décisions d’investissement.

Par exemple, une augmentation du coût de la dette de 1,5 % à 7,5 % entraînera une augmentation de 30 % des coûts de Transition net zéro du Royaume-Uni d’ici 2050. Ainsi, si le risque de transition énergétique est intégré dans le coût du capital, comment cela pourrait-il influencer la transition zéro carbone ? Cependant, il y a un manque d’études empiriques étayant la manière dont les politiques d’EC affectent le coût du capital et influencent les préférences des investisseurs en matière de risque.

Que montre la recherche ?

Dans le Risque de transition énergétique et coût du capital (ETRC), non seulement nous suivons coût du capital pour les entreprises énergétiques au fil du temps mais également effectuer une analyse quantitative pour étudier les facteurs affectant le coût du capital et comment il façonne les choix d’investissement, en mettant l’accent sur les investissements à faible émission de carbone (c’est-à-dire verts) par rapport aux investissements à forte teneur en carbone (c’est-à-dire bruns). Dans un article récent sur le projet ETRC, nous étudions la question suivante :

Cette analyse aborde la question en utilisant des ensembles de données longitudinaux sur le marché des prêts syndiqués. Nous analysons un échantillon de 15 189 facilités de prêt de la base de données LPC DealScan entre 2000 et 2019, impliquant 4 066 emprunteurs sur 40 marchés développés et émergents dans la production d’énergie (c’est-à-dire les énergies renouvelables, le pétrole et le gaz et le charbon) et l’électricité (c’est-à-dire les énergies renouvelables et secteurs basés sur les combustibles fossiles).

Sur la base d’une analyse économétrique qui contrôle les facteurs de confusion au niveau du projet, de l’entreprise et au niveau macro, nous examinons l’impact des politiques d’EC – représenté par Rigueur de la politique environnementale de l’OCDE – sur la répartition des prêts et les décisions d’investissement et nos conclusions sont les suivantes.

1) Dans le secteur de la production d’énergie, nous constatons que des politiques d’EC plus fortes réduisent le coût du capital pour la production verte (c’est-à-dire les énergies renouvelables) et l’augmentent pour la production brune (c’est-à-dire le pétrole, le gaz et le charbon). Par exemple, une augmentation d’un écart-type de la force de la politique CE se traduit par une diminution de trente et un points de base (ou 0,31% pts) du coût de la dette pour la production d’énergie renouvelable par rapport à un prêt accordé aux sources d’énergie conventionnelles. Cependant, nous ne trouvons aucun impact similaire des politiques CE sur les services publics d’électricité verts et bruns.

2) Les politiques d’EC affectent directement les choix d’investissement entre les options vertes et brunes. Cela est constant dans tous les secteurs de la production d’énergie et des services publics d’électricité. Par exemple, des politiques d’EC plus fortes augmentent les investissements dans la production d’énergie renouvelable par rapport à la production de pétrole et de gaz ou de charbon. De même, des politiques d’EC plus robustes encouragent des investissements plus importants dans les services publics d’électricité renouvelables par rapport à ceux qui dépendent des combustibles fossiles.

Quelles sont les implications pour les décideurs ?

Nous trouvons des preuves que les politiques CE réduisent non seulement le coût du capital pour les investissements verts vs bruns, mais augmentent également les investissements dans les alternatives vertes vs brunes. Cela soulève deux questions :

En réponse à la première question, nous constatons qu’une réduction du coût du capital entraîne une augmentation des investissements dans les énergies renouvelables – une conclusion qui est implicite dans la discussion précédente et qui n’est pas surprenante.

En réponse à la deuxième question, nous constatons que même si les deux canaux sont actifs, le canal direct est significativement (c’est-à-dire 14 fois) plus puissant que le canal indirect. Bien que cette constatation – l’impact nettement plus fort du canal direct – soit surprenante, elle peut être due aux politiques d’EC axées sur l’accélération du déploiement de technologies renouvelables coûteuses à un coût (par exemple, via des tarifs de rachat). En outre, le canal indirect est susceptible de devenir plus dominant à mesure que les technologies renouvelables deviennent plus compétitives. Les deux hypothèses nécessitent une enquête plus approfondie dans les recherches futures.

Points clés à retenir

D’un point de vue politique, la principale conclusion de cette analyse est que des politiques d’EC plus fortes sont efficaces pour augmenter les investissements verts par rapport aux investissements bruns. De plus, ces politiques agissent largement directement sur l’augmentation des investissements plutôt qu’indirectement via la réduction du coût du capital. Ces résultats impliquent que les institutions financières, en général, sont rationnelles et intègrent les facteurs de risque de la politique CE dans la prise de décision d’investissement. Ainsi, sans surprise, l’implication est que les décideurs politiques visant à accélérer la transition bas carbone devraient déployer des instruments politiques plus forts pour diriger les flux de capitaux vers l’énergie bas carbone.

Observatoire du coût du capital,