Lula prévient que les exigences de l’Union européenne pour l’accord avec le Mercosur sont une « menace »

MADRID, 23 juin (EUROPA PRESS) –

Le président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, a assuré ce vendredi lors de sa visite officielle en France que les demandes de l’Union européenne pour un accord de libre-échange avec le Mercosur sont une « menace » et a critiqué le manque d’emphase que la communauté internationale met en œuvre pour lutter contre les inégalités.

« J’ai hâte de parvenir à un accord avec l’UE, mais ce n’est pas possible », a déclaré Lula devant le président français Emmanuel Macron, lors de son discours lors d’un événement organisé au palais Brongniart à Paris, reprochant à Bruxelles d’avoir élaboré un clause par laquelle un partenaire stratégique est « menacé ».

Le ton de ses critiques est monté à cette occasion, après que la veille, de passage en Italie, il ait qualifié d' »inacceptables » les conditions de Bruxelles qui, par crainte de la politique environnementale de Jair Bolsonaro, imposait une clause aujourd’hui rejetée par le gouvernement Lula.

Parmi les termes critiqués par Lula figure celui qui permet aux entreprises européennes et brésiliennes de recevoir le même traitement par le gouvernement fédéral, ou celui qui sanctionne les pays sud-américains qui ne respectent pas l’accord de Paris de 2015, concernant l’engagement de réduction des gaz à effet de serre émissions.

De leur côté, ils n’ont pas apprécié, en référence à une loi approuvée par le Conseil européen en mai de cette année, l’interdiction d’importer des produits provenant de zones déboisées après 2020, sous peine d’amendes.

Dans un autre ordre d’idées, le président brésilien a également défendu la nécessité d’inscrire la lutte contre les inégalités au centre du tableau politique, avec la question climatique.

« Il n’est pas possible que dans une réunion entre présidents de pays importants le mot ‘inégalité’ n’apparaisse pas (…) Nous sommes dans un monde de plus en plus inégalitaire et la richesse est de plus en plus concentrée entre de moins en moins de mains. Si nous n’abordons pas cette question avec la même priorité que la question climatique, les gens auront peut-être un meilleur temps, mais les gens continueront à mourir de faim », a-t-il prévenu.

Lors de son discours, Lula a également évoqué l’idée de créer une monnaie commune en Amérique latine et s’est demandé pourquoi le Brésil et l’Argentine, par exemple, devaient commercer avec le dollar. En ce sens, il a souligné que c’est une de ses priorités et qu’à ce titre il la soulèvera lors de la prochaine réunion des BRICS.

Dans le même temps, il a promis de mettre fin à la déforestation illégale en Amazonie d’ici 2030, a demandé aux pays les plus riches d’investir dans les économies les moins développées et d’aider réellement à lutter contre la pauvreté, et a défendu une nouvelle conception du Conseil de sécurité des Nations unies. « Les membres permanents d’aujourd’hui ne représentent plus la réalité politique de 2023 », a-t-il déclaré.