BRUXELLES, 9 (EUROPA PRESS)
Quelques minutes avant la fin de ce vendredi, après plus de 35 heures de négociations, l’Union européenne a réussi à conclure un accord historique pour établir les premières règles permettant de limiter les risques de l’intelligence artificielle (IA) qui pourraient vraisemblablement entrer en jeu. en vigueur à partir de 2026.
« Nous avons obtenu la première réglementation internationale de l’intelligence artificielle au monde, nous en sommes très fiers », a célébré la secrétaire d’État chargée de la numérisation et de l’intelligence artificielle, Carme Artigas, qui s’est rendue ces jours-ci à Bruxelles pour diriger l’équipe de négociation du Conseil. à tel point que la présidence espagnole à son tour.
Les négociateurs du Parlement européen, de la Commission européenne et du Conseil (gouvernements) ont entamé mercredi ce qu’on appelle le dernier cycle de négociations pour un accord qui n’a finalement été trouvé que tard vendredi, après avoir surmonté les derniers obstacles concernant la surveillance biométrique. et son utilisation par les forces de sécurité.
La norme propose une approche basée sur le risque qui catégorise les niveaux de risque et les restrictions associées en fonction de l’échelle, impliquant une interdiction en cas de risque « inabordable », comme les systèmes de catégorisation biométrique, la non-suppression d’images ciblées pour créer des bases de données pour la reconnaissance faciale, la reconnaissance des émotions, les systèmes de notation sociale ou les systèmes qui manipulent le comportement.
Cependant, une série d’exceptions strictes sont prévues qui permettront l’utilisation de systèmes de surveillance biométrique dans les espaces publics, à condition qu’il y ait une décision judiciaire préalable et pour une liste de délits strictement définis.
De cette manière, la surveillance biométrique en temps réel sera limitée dans le temps et dans le lieu et uniquement pour la recherche sélective des victimes d’enlèvement, de trafic ou d’exploitation sexuelle, pour éviter une menace terroriste spécifique et actuelle et pour localiser ou identifier un suspect d’avoir commis un délit inscrit dans la loi.
Le Parlement européen a dressé une longue liste d’utilisations interdites, mais le Conseil a insisté pour que certains des systèmes indiqués ne soient pas interdits d’emblée, mais plutôt classés comme à haut risque et que les restrictions soient adaptées. Artigas a défendu que ce changement « ne signifie pas que vous pouvez faire ce que vous voulez » car avec le passage à la catégorie à haut risque, il s’accompagne également de garanties strictes telles que la condition préalable d’avoir une décision de justice pour son utilisation ou de procéder à des évaluations. d’impact sur les droits fondamentaux.
Sont également définis les systèmes d’IA autorisés mais considérés comme à très haut risque en raison de leur impact important sur la santé, la sécurité, les droits fondamentaux, l’environnement et l’État de droit.
Les systèmes d’intelligence artificielle utilisés pour influencer le résultat des élections et le comportement des électeurs sont également classés comme à haut risque, et les citoyens auront le droit de déposer des plaintes et de recevoir des explications sur les décisions basées sur des systèmes d’IA à haut risque qui affectent leurs droits.
Une autre clé a été la manière d’introduire des règles spécifiques pour les modèles fondateurs, tels que les plateformes ChatGPT ou DALL-E, qui ont été révélées après que la Commission européenne a présenté sa première proposition de règlement. Ce chapitre a donc été développé au cours des négociations.
Cette législation pionnière prévoit également des sanctions en cas de non-respect allant de 35 millions d’euros, soit 7 % du chiffre d’affaires mondial, à 7,5 millions, selon la taille de l’entreprise.
L’objectif du nouveau règlement européen est d’établir des normes de sécurité et des droits fondamentaux qui empêchent que la technologie soit utilisée à des fins répressives, manipulatrices ou discriminatoires ; mais sans que cela se traduise par une hyperrégulation qui entrave la compétitivité de l’Union européenne.
ACCORD HISTORIQUE
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a immédiatement réagi sur les réseaux sociaux pour célébrer ce « moment historique » car l’UE disposera d’une « législation avant-gardiste, responsable et complète qui établira des normes mondiales ».
Entre-temps, la chef de l’exécutif communautaire, Ursula von der Leyen, a souligné qu’il s’agit d’un cadre juridique qui permettra « le développement d’une intelligence artificielle digne de confiance ».
« Accord ! », a écrit sur les réseaux sociaux le commissaire chargé de l’industrie et des services numériques, le libéral français Thierry Breton, accompagné d’un graphique pour souligner que l’Union européenne est la seule région au monde à disposer d’une réglementation. Après l’accord politique conclu ce vendredi, les nouveaux règlements doivent encore être adoptés formellement par le Conseil et la session plénière du Parlement européen pour devenir loi.
« Nous l’avons fait! », a célébré, pour sa part, la vice-présidente de la Commission européenne chargée de l’État de droit, Vera Jourova, qui, rappelant le résultat d’un test qu’elle a effectué ces derniers jours avec ChatGPT, a célébré que le La nouvelle loi sur l’intelligence artificielle sera « le gardien de la fête de l’innovation qui ne laisse entrer que les IA les plus cool, les plus sûres et les plus responsables ».