L’UE réitère son intention de commercer davantage avec l’ASEAN bien qu’elle n’ait pas dénoncé à l’unanimité l’agression russe

BRUXELLES, le 14 déc. (EUROPA PRESS) –

Les dirigeants de l’Union européenne ont réitéré ce mercredi leur intention de renforcer les relations commerciales avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) malgré le fait que le bloc de l’Asie du Sud-Est n’ait pas unanimement condamné l’agression russe en Ukraine et d’éviter une position ferme face à l’affirmation de la Chine vis-à-vis de Taïwan.

Lors d’une conférence de presse à l’issue du sommet qui s’est tenue à Bruxelles, le président du Conseil européen, Charles Michel, a souligné que la réunion était « historique » car elle réunissait autour d’une même table des dirigeants européens et sud-asiatiques pour la première fois après 45 ans de rapports. En ce sens, il a insisté sur l’intention de développer le potentiel du lien pour avoir des économies plus prospères et durables, en renforçant l’association entre l’UE et l’ASEAN.

L’ancien Premier ministre belge a exprimé la volonté de l’UE d' »augmenter le niveau d’ambition » avec les pays de l’ASEAN et a valorisé l’offre de mobiliser 10 000 millions d’euros dans les infrastructures de la région, des fonds qui serviront à obtenir des résultats « tangibles » pour la population de l’Asie du Sud-Est.

De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a mis l’accent sur davantage de commerce entre les deux régions, soulignant l’aspiration à développer davantage d’accords de libre-échange avec les pays de la zone, en dehors de ceux existant avec Singapour et le Vietnam. Le tout avec « l’objectif ultime » de reprendre l’élan pour en négocier un de région à région, qui a commencé à faire débat en 2007 et a été laissé mourir faute d’intérêt politique.

« Le rêve est de parvenir à un accord de bloc à bloc le plus tôt possible », a ajouté Michel, tandis que du côté asiatique, le Premier ministre cambodgien et président de l’ASEAN, Hen Su, a insisté sur le fait que « la politique ne doit pas empêcher les accords de libre-échange ». et a affirmé que tout futur accord entre l’Europe et l’Asie du Sud-Est doit être signé « en tant que partenaires sur un pied d’égalité ».

CONDAMNATION DE L’INVASION RUSSE EN UKRAINE

Les bonnes paroles sur le renforcement de l’accord entre l’UE et l’ASEAN n’ont pas été assombries par le manque d’unanimité des pays asiatiques pour condamner explicitement l’agression russe en Ukraine. La déclaration commune des dirigeants européens et asiatiques, en négociation jusqu’au dernier moment, ne comporte pas le rejet manifeste de l’invasion russe et reprend la formule utilisée lors du sommet du G20 qui s’est tenu en Indonésie le mois dernier.

Ainsi, le texte commun souligne l’attachement des deux blocs au multilatéralisme, un ordre mondial fondé sur des règles et le respect de l’intégrité et de la souveraineté des pays, et souligne que la « majorité » des personnes présentes à la réunion condamnent fermement la guerre en Ukraine.

Bien sûr, rappelez-vous qu' »il y avait d’autres points de vue et différentes appréciations sur la situation et les sanctions contre la Russie ». « Nous continuons à réaffirmer, comme pour toutes les nations, la nécessité de respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine », lit-on dans les conclusions, identiques à celles du sommet du G20 de Bali.

À cet égard, le Premier ministre cambodgien a insisté après le sommet sur la position de « respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique » du bloc asiatique et a déclaré que l’ASEAN présentait des objections à « l’annexion et à l’utilisation de la force contre un État souverain ». Malgré le fait que la plupart des pays de l’ASEAN ont soutenu la résolution des Nations Unies qui dénonçait l’agression russe en Ukraine, ni le Laos ni le Vietnam n’ont adhéré et ont choisi de s’abstenir.

« Il est vrai qu’au sein de l’ASEAN, tous les pays n’ont pas la même position », a reconnu le dirigeant cambodgien, qui a néanmoins mis en avant la demande de la région pour obtenir un cessez-le-feu et pacifier le conflit en Europe de l’Est. Les pays d’Asie du Sud-Est appellent à la cessation des hostilités en Ukraine, à la création d’un environnement permettant de résoudre pacifiquement les problèmes, permettant l’accès humanitaire aux civils.

Sur la tension en mer de Chine méridionale autour de la question de Taïwan et la rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine, les conclusions des dirigeants européens et asiatiques désignent cette mer comme clé du commerce mondial et soulignent l’importance de maintenir et de promouvoir la paix, la sécurité, la stabilité, la sûreté et la liberté de navigation et de survol dans cette zone.

Concernant l’affrontement entre Pékin et Washington, le président philippin, Ferdinand Marcos, a été clair lors d’une conférence de presse en soulignant que les pays de la région ne veulent pas « revenir à la guerre froide » et à un schéma dans lequel ils doivent « choisir une superpuissance. » « L’avenir de la région indo-pacifique doit être résolu par les pays indo-pacifiques et non par des pays extérieurs », a-t-il déclaré.