L’UE parvient à un accord provisoire pour disposer d’un régime harmonisé de résolution des assureurs

Ils sont également parvenus à un accord pour réformer la directive Solvabilité II.

Le Conseil de l’Union européenne, dont la présidence tournante est assurée par l’Espagne au cours du second semestre 2023, et le Parlement européen sont parvenus à un accord provisoire pour développer un régime harmonisé au niveau européen pour la résolution « ordonnée » dans le secteur des assurances, comme le rapporte un communiqué.

La déclaration souligne qu’il n’existe actuellement aucune procédure « harmonisée » au niveau européen pour la résolution des compagnies d’assurance, ce qui implique des « différences substantielles » entre les États membres, puisque certains ne disposent d’aucune autorité en charge de ce travail, introduisant ainsi des différences dans la protection entre assurés et bénéficiaires.

De cette manière, l’accord ne prévoit pas la création d’un organisme de résolution unique, comme c’est le cas pour le secteur bancaire, mais plutôt le renforcement des pouvoirs des autorités nationales – qui dans le cas de l’Espagne est le Consortium d’indemnisation des assurances – afin qu’elles soient « mieux préparé » en cas de difficultés financières importantes et peut intervenir « suffisamment en amont et rapidement » dans une situation de crise, même transfrontalière.

A défaut de connaître le texte final, l’accord provisoire précise que les États membres « devront établir des autorités nationales de résolution en matière d’assurance, soit au sein des autorités existantes, soit en tant que nouvelles entités indépendantes ». En outre, ils devront garantir une coopération transfrontalière « efficace » et donneront à l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (Eiopa) un rôle de « coordination ».

L’accord provisoire prévoit l’obligation pour les sociétés et groupes d’assurance et de réassurance d’élaborer et de déclarer leurs plans de redressement préventif aux autorités de surveillance nationales, une exigence qui s’appliquera aux entreprises détenant une part de marché d’au moins 60 %.

En outre, les autorités de résolution doivent préparer un plan de résolution pour les entreprises détenant au moins 40 % de part de marché. De cette manière, les entreprises « petites et peu complexes » sont dispensées de satisfaire individuellement à ces exigences.

L’accord intérimaire fournit également aux autorités de résolution des outils et des procédures de résolution (notamment des outils de dépréciation ou de conversion, des outils de cession d’entreprise, des outils de création de sociétés relais, etc.) pour faire face aux faillites, notamment dans un contexte transfrontalier.

Enfin, des dispositions spécifiques sont incluses sur les modalités de financement et une clause de révision relative aux systèmes de garantie d’assurance.

SOLVABILITÉ II

De même, l’UE a également conclu un nouvel accord pour modifier la directive Solvabilité II dans le but de « renforcer » le rôle du secteur de l’assurance en tant que financier à long terme des économies et des entreprises européennes, ainsi que de renforcer sa « résilience ».

Cette révision impliquerait une réduction du taux du coût du capital (CoC), qui passerait de 6% actuellement à 4,75%, ce qui représente une réduction du niveau de marge de risque des réserves ou provisions techniques que les assureurs doivent maintenir, dans le but d’encourager les investissements « à long terme » dans le secteur des assurances, notamment dans le domaine de la transition « verte ».

L’accord intérimaire améliore également les mesures de garantie à long terme, les rendant « plus sensibles » au risque et améliorant la résilience du secteur des assurances, et introduit une nouvelle dimension macroprudentielle au régime. Il réduira la charge administrative, notamment pour les petites entreprises, et améliorera la protection des assurés, notamment lorsqu’ils souscrivent une assurance dans un autre pays.

Les deux accords (visant à modifier les directives Solvabilité II et résolution) seront désormais finalisés et présentés aux représentants des États membres et du Parlement européen pour approbation. S’il obtient le feu vert, la prochaine étape sera que le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen adoptent formellement les textes finaux.

RÉACTION DES EMPLOYEURS

L’association patronale Insurace Europe, à laquelle appartient l’entreprise espagnole Unespa, a évalué positivement l’accord sur Solvabilité II, car elle considère qu’il « pourrait aider à débloquer » un plus grand volume d’investissements en Europe. Ainsi, elle a surtout mis en lumière les évolutions des questions de capital, de volatilité et de proportionnalité.

« Ces changements peuvent aider les assureurs à fournir un meilleur service aux clients, à débloquer davantage d’investissements pour les transitions verte et numérique et à achever l’union des marchés des capitaux de l’UE », a-t-il déclaré.

Concernant le régime de résolution, les employeurs affirment qu’ils le reçoivent « avec satisfaction », bien qu’ils soient « sceptiques », puisqu’ils considèrent que la directive IRRD (Insurance recovery and résolution, en anglais) visera à « durcir encore plus » la réglementation des le secteur des assurances et entraînera des « charges opérationnelles supplémentaires ».