BRUXELLES, 8 janvier (EUROPA PRESS) –
L'Allemagne souhaite que l'Union européenne adopte une nouvelle position commune concernant la Syrie après la chute du régime de Bachar al Assad, qui comprend l'allègement des sanctions économiques, financières et dans les transports, et se rapproche des nouvelles autorités, dirigées par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al Sham (. HTS), envisageant de le retirer de la « liste noire » des Nations Unies en raison de sa proximité avec Al-Qaïda.
L'exécutif allemand présentera à la prochaine réunion des ministres européens des Affaires étrangères que le bloc identifie des sanctions qu'il pourra lever « progressivement », selon un document préliminaire auquel Europa Press a eu accès. Il propose à cette fin de fixer les conditions politiques pour prendre ces mesures, en plus de garder la porte ouverte au rétablissement des restrictions en cas de revers démocratique sur le terrain.
Concrètement, la proposition allemande consiste à maintenir les mesures contre les membres du défunt régime d’Al Assad, ainsi que contre la prolifération des armes chimiques, mais à assouplir les mesures qui pourraient bénéficier à la société et à l’économie syriennes.
De telles mesures faciliteraient les voyages aériens entre l’UE et la Syrie, lèveraient les sanctions contre les compagnies aériennes telles que la Syrien Arab Airlines, faciliteraient le retour des réfugiés et migrants syriens en Europe et les exportations de carburant d’aviation vers la Syrie.
Berlin demande également de prolonger les exceptions aux sanctions pour l'aide humanitaire jusqu'à fin 2025, puisqu'elles expirent actuellement en juin 2025, et de permettre aux investissements dans le pays et aux citoyens syriens d'y amener leurs entreprises, ainsi que de reprendre l'exportation de technologies et de véhicules, après plus d'une décennie de sanctions économiques.
Concernant les aspects financiers des sanctions, l’Allemagne souhaite que l’UE envisage de dégeler ses relations et cherche des moyens de rouvrir les canaux financiers avec Damas par l’intermédiaire des banques locales et européennes afin de promouvoir les investissements en Syrie.
Concernant la situation de HTS, qui est actuellement considérée comme une organisation terroriste par l'UE et sanctionnée par les Nations Unies pour ses relations avec Al-Qaïda, l'Allemagne défend « l'éventuelle exclusion de la liste » des personnes sanctionnées par l'ONU, et bien que souligne soulignant que cette décision dépend du Conseil de sécurité de l'ONU, il appelle à aborder la question et à procéder à une « évaluation conjointe » de HTS et de son leader et actuel homme fort de la Syrie, Ahmed al Shara, alias « Abu Mohamed al Golani ».
Quoi qu'il en soit, le document préliminaire indique que ces mesures de levée des sanctions seront « réversibles » et seront mesurées par rapport aux progrès de la transition politique pacifique en Syrie « qui garantit la protection et la représentation de toutes les minorités ».
Cette proposition sera débattue au niveau des 27 à la fin du mois et fait suite aux mesures prises par les Etats-Unis pour assouplir les restrictions à l'arrivée de l'aide humanitaire en Syrie et l'aéroport de Damas a repris cette semaine les vols internationaux, notamment vers pays voisins comme la Jordanie, l’Égypte, le Koweït, le Qatar et les Émirats arabes unis.
Même si des sources diplomatiques expliquent que cette proposition n'a pas encore été discutée en profondeur avec le reste des partenaires européens, la France, dont le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s'est rendu la semaine dernière avec son homologue allemande Annalena Baerbock en Syrie pour rencontrer les nouvelles autorités Les Syriens, dont Al Shara, se sont alignés sur cette position.
Ce même mercredi, Barrot a choisi de lever rapidement les restrictions sur l'aide humanitaire pour atténuer la crise en Syrie et a noté que le retrait de sanctions plus politiques dépendra de la gestion de la transition inclusive dans le pays.