L'Espagne, le pays de l'UE avec le niveau de dette régionale le plus élevé en termes de PIB, selon une étude

L'équipe économique prévient que l'annulation de la dette est loin de répondre aux critères d'intérêt général, tout en favorisant le risque moral

L'Espagne est le pays de l'Union européenne avec le niveau de dette régionale le plus élevé en termes de PIB parmi ceux où les régions disposent des plus grandes compétences, devant la Belgique, l'Allemagne et l'Autriche.

Cela ressort clairement du dernier rapport de l'équipe économique intitulé « Déficit et dette des communautés autonomes : fortes disparités », qui analyse la situation économico-financière des autonomies espagnoles.

Selon les dernières données disponibles d'Eurostat correspondant au troisième trimestre 2023, le rapport prévient que l'Espagne avait une dette régionale de 22,3% du PIB, supérieure à celle de la Belgique (17,9%), de l'Allemagne (15,3%) et de l'Autriche (5,3 %).

L'analyse de la dette régionale est particulièrement pertinente, puisque la dette des communautés autonomes dans leur ensemble est passée de 6,1% du PIB en 2000 à 22,2% du PIB en 2023.

Bien qu'il soit inférieur à celui enregistré en termes de PIB un an auparavant, la diminution du ratio est due à l'augmentation du PIB nominal et à son impact sur le dénominateur, puisqu'au numérateur la dette en termes nominaux a augmenté de 2,6%, jusqu'à 325,234 millions d'euros, selon l'étude.

DE FORTES DIVERGENCES ENTRE COMMUNAUTÉS

Il existe de fortes divergences en termes d'endettement entre les différentes communautés : la Catalogne est la communauté avec les niveaux d'endettement les plus élevés en termes absolus en 2023, avec près de 86 milliards d'euros et représentant à elle seule 26,4% de la dette régionale espagnole. Cette région est suivie par la Communauté valencienne (près de 58 milliards et 17,8% du total), l'Andalousie (plus de 38,5 milliards; 11,9%) et la Communauté de Madrid (près de 36 milliards; 11%).

Toutefois, les niveaux d'endettement les plus élevés en termes de PIB régional ont été enregistrés en 2023 dans la Communauté valencienne (42,2 %), Castille-La Manche (31,9 %), la région de Murcie (31,2 %) et en Catalogne (31 %).

FORTE DÉPENDANCE À L’ÉTAT POUR LE FINANCEMENT

De même, le rapport indique que certaines autonomies continuent à faire un usage très intensif du financement fourni par le Fonds de Financement, bien qu'il s'agisse d'un mécanisme conçu en 2012 sur une base extraordinaire. Ainsi, fin 2023, 60,9 % de leur dette avait l’État comme créancier, selon les données de la Banque d’Espagne. Pendant ce temps, plusieurs autonomies ne sont pas allées se financer sur les marchés depuis des années.

En conséquence, il existe des différences importantes dans la composition de la dette des différentes régions espagnoles, de sorte que le rôle important de l'État en tant que créancier est clairement évident dans la région de Murcie (92,9 % de sa dette est contractée auprès de l'État). ), la Cantabrie (92,8 %), la Communauté valencienne (86,4 %) et la Catalogne (86,2 %).

A l'opposé, les deux régions provinciales (Navarre et Pays Basque) et la Communauté de Madrid ne sont actuellement pas endettées envers l'État à travers ces mécanismes. Les niveaux d'endettement envers l'État sont relativement faibles (moins de 25 %) dans le cas de Castille-et-León, des Asturies, des îles Canaries et de la Galice. Aucune de ces sept régions n’a bénéficié de transferts de l’État à travers ces mécanismes en 2023.

De leur côté, les communautés avec un pourcentage plus élevé de dette en titres représentatifs sont le Pays Basque (67,2%) et la Communauté de Madrid (59%), qui ont également continué cette année à sortir pour se financer sur les marchés.

CO-RESPONSABILITÉ DE LA LACC POUR LEUR NON-CONFORMITÉ

Cependant, l'Equipe Economique alerte sur le non-respect général des communautés des objectifs de déficit, leurs niveaux élevés d'endettement et leur forte dépendance à l'égard de l'Etat pour leur financement.

C'est pour cette raison que les experts insistent sur le fait qu'il est particulièrement pertinent que les communautés assument une « coresponsabilité » dans le nécessaire processus de consolidation fiscale des administrations publiques espagnoles.

En effet, le rapport rappelle que l'assainissement budgétaire de toutes les administrations espagnoles sera exigé par l'UE dans le cadre de la réforme des règles budgétaires européennes, qui devrait entrer en vigueur dans le cadre de la planification budgétaire 2025.

Également pour la récupération de la validité des règles fiscales espagnoles. Selon les objectifs budgétaires actuels, le sous-secteur des collectivités doit atteindre la stabilité budgétaire dès cette année 2024 et un excédent de 0,1% du PIB en 2025 et 2026.

« RISQUE MORAL » D'UNE REMISE AUTONOME DE LA DETTE

Enfin, l'équipe économique souligne que les mesures annoncées dans la législature actuelle, liées à l'annulation d'une partie de la dette régionale, sont loin de l'application de critères économiques fondés sur l'intérêt général, en même temps qu'elles favoriser l’aléa moral.

Au contraire, les experts avertissent que la situation très disparate entre les communautés autonomes en termes de déficit et de dette, et le rôle créancier de l'État, ne peut être résolu avec succès que par une approche globale basée sur le principe de coresponsabilité budgétaire et de coût. confinement, également dans le cadre d’une réforme du système de financement régional.