Les ministres de l’économie de l’UE mettent en garde contre le risque de fragmentation après l’annonce par Berlin d’un plan de 200 milliards

LUXEMBOURG, 3 oct. (EUROPA PRESS) –

Plusieurs ministres de l’Economie et des Finances de la zone euro ont alerté ce lundi sur le risque de « fragmentation » du marché unique à leur arrivée à une réunion de l’Eurogroupe, quelques jours après que l’Allemagne a annoncé un plan de 200.000 millions d’euros d’aides pour réduire l’électricité facture pour les entreprises et les maisons.

Dès son entrée dans l’Eurogroupe à Luxembourg, le commissaire à l’Economie, Paolo Gentiloni, a préconisé d’éviter « la fragmentation du marché unique » et de penser à des outils pouvant contribuer à la solidarité.

« La solidarité n’est pas seulement sur les épaules des Allemands. Je pense que c’est quelque chose dont nous devons discuter au niveau européen », a souligné le commissaire à l’économie, qui a donné la pandémie comme exemple de « comment la solidarité » peut servir « à réagir à crises et sécuriser les marchés financiers.

Dans le même sens, le vice-président économique de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, s’est exprimé, nous exhortant à être « prudents » avec le mélange de politiques économiques qui sont mises en œuvre, et a souligné que celles-ci doivent être dirigées et temporaires, pour « faire en sorte que les mesures budgétaires que nous prenons nous ramènent à 2% d’inflation », conformément aux orientations de la Banque centrale européenne.

De son côté, le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a défendu dès son entrée à la réunion des ministres de l’Economie des Dix-neuf que le gouvernement allemand a lancé un « bouclier de protection » pour les ménages et l’économie à hauteur de 200.000 millions d’euros. euros.

« Nous avons pris cette mesure pour les deux prochaines années », a souligné l’Allemand, soulignant que la mesure n’est pas seulement pour 2023, mais s’étendra jusqu’en 2024, ce qui, compte tenu de la taille de l’économie allemande, a été estimé « à condition » .

« Ce n’est pas notre intention de stimuler la demande dans l’économie. Ce n’est pas notre intention de supprimer complètement le fardeau sur les ménages dans l’économie. C’est une mesure pour protéger les structures clés de notre économie », s’est défendu le ministre allemand.

Le président de l’Eurogroupe, Paschal Donohoe, a souligné l’importance de coordonner les politiques économiques nationales afin d’améliorer la résilience de la zone euro.

« Nous avons l’initiative RepowerEU et nous avons la mise en œuvre actuelle du Fonds de relance, qui sont des outils très puissants pour stimuler la convergence économique » et obtenir des effets pratiques pour concrétiser l’engagement européen en faveur de la solidarité.

Interrogée sur le plan d’urgence allemand, la première vice-présidente et ministre des Affaires économiques et de la Transformation numérique, Nadia Calviño, a défendu une réponse unie au niveau européen.

« En ce moment où nous sommes aussi confrontés à un défi mondial et à un défi international, nous devons agir ensemble. Nous soutenons fortement l’UE renforçant ses outils pour répondre au chantage de Poutine », a déclaré le premier vice-président à l’entrée de la Eurogroupe à Luxembourg.

Le ministre belge des Finances, Vincent Van Peteghem, a défendu que le « projet européen est basé sur la solidarité, sur le travail en commun » et sur la « coordination » pour laquelle il a apprécié que les ministres des Finances de la zone euro se réunissent pour discuter de ces questions.

« Il est important que nous fassions preuve d’unité, que nous agissions en bloc. Qu’aujourd’hui, en ces temps de crise, nous croyions à la prévisibilité même si nous sommes dans des temps incertains », a ajouté le ministre belge.

En ce sens, Calviño a souligné que « comme cela s’est produit avec la pandémie, nous sommes plus forts lorsque nous agissons ensemble, avec des décisions importantes, avec détermination et aussi avec solidarité. C’est la recette que nous avons utilisée pour répondre à la pandémie ».

Plus sévère, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a mis en garde contre la nécessité de s’accorder sur une réponse européenne à la hausse des prix de l’énergie et a insisté pour que les aides soient correctement modulées pour éviter une « fragmentation » du système unique marché qui compromettent la concurrence loyale au sein de l’Union européenne.

« Il est essentiel que l’aide financière soit ciblée », a souligné Le Maire, ajoutant que c’est quelque chose « d’indispensable si nous voulons des conditions de concurrence loyale entre les États membres ».