La coupure totale de l’approvisionnement par le Nord Stream 1 ferait passer les niveaux de stockage de gaz européen en dessous de 65%
SEVILLE, 21 juillet (EUROPA PRESS) –
Des simulations réalisées par les gestionnaires de systèmes gaziers de l’Union européenne montrent qu’en cas de panne totale de gaz russe à partir de juillet, le stockage pourrait être inférieur à 65 % début novembre. Les stocks européens s’élevaient à 75,16% de la capacité totale en octobre de l’année dernière, se terminant en mars de cette année à 26,29%.
Autrement dit, comme l’a expliqué le directeur général de Tempos d’énergieAntonio Aceituno, « l’hiver dernier signifiait une baisse des réserves de 48,87% et, compte tenu également du remplacement du système gazier russe, bien que quelque peu diminué ».
« Une coupure absolue du Nord Stream 1 et avec des flux russes actuellement bien inférieurs à 30%, nous verrons certainement un rationnement du gaz sur le vieux continent », a fait remarquer Aceituno.
Toute cette situation, très agressive pour le TTF, rend le marché européen du gaz très attractif pour les exportateurs. La remise offerte pour le Gaz Naturel Liquéfié (GNL) arrivant en Europe a augmenté pour atteindre un nouveau record de 36,08 €/MWh par rapport aux prix de référence européens du hub néerlandais.
La rentabilité même de l’expédition d’une cargaison américaine depuis Sabine Pass, y compris le coût, l’assurance et le fret vers l’Europe, a été fixée pour la dernière fois à 141,22 €/Mwh pour une livraison en septembre, contre 115,22 €/Mwh il y a un mois. Le netback, ou rentabilité, pour la livraison en Asie du Nord-Est a été vu pour la dernière fois à 125,70 €/Mwh. Ainsi « vendre du gaz à l’Europe est presque 13 % moins cher que de le livrer à l’Asie ».
ESPAGNE AVEC CAPACITÉ DE REGAZÉIFICATION
De Tempos Energía, ils ont souligné que, « malgré la situation difficile, qui affectera la poche de chacun, l’Espagne continue d’avoir une position privilégiée qui peut profiter à notre industrie ». Et c’est que la difficulté des vendeurs due au manque d’espaces disponibles en Europe continentale contraste avec la capacité de regazéification de la péninsule ibérique.
« Nous avons 30% du volume de traitement de GNL européen, dont 60 milliards de m3, pour la consommation interne, nous n’avons besoin que des deux tiers, pouvant exporter un total de 20 milliards de m3 », a souligné Aceituno.
Or, « les gazoducs qui relient la France ne permettent d’exporter qu’environ 7 milliards de m3, ce qui fait de nous un véritable puits de gaz alors que les choses se compliquent en Europe », souligne l’expert. Ainsi, les prix du marché ibérique du gaz, le MIBGAS, sont présentés à 26 €/Mwh, 16 % plus compétitifs que ceux du TTF.
Tempos Energía met en évidence deux phases en fonction du niveau d’activité de Nord Stream 1. D’une part, si l’approvisionnement russe par le gazoduc est coupé, un fait qui sera déterminé dans quelques jours, cela entraînera « un impact très important sur les marchés : les prix TTF paraîtraient supérieurs à 250 €/Mwh ».
A cela s’ajouterait que « la MIBGAS pourrait s’effondrer, en raison de l’augmentation considérable des stocks, qui s’élèvent actuellement à 74 %. Cette situation ferait en sorte que le pool électrique plus le mécanisme d’ajustement s’échange en dessous de 160 €/Mwh », a prévenu Aceituno.
Au contraire, si nous nous retrouvons avec un Nord Stream 1 à 100 %, « nous serions en mesure de faire pression sur les prix avec force, non seulement en raison de la question physique du gaz, mais aussi politiquement de la part de la Russie, puisque le les marchés verraient un des pays eurasiens les plus bienveillants, ce qui générerait de la confiance en hiver », ont-ils affirmé depuis le cabinet de conseil.
Ce scénario ferait chuter les prix TTF à 80 €/Mwh ou même moins, pouvant voir un pool total d’environ 120-140 €/Mwh.