BRUXELLES, le 19 juin (EUROPA PRESS) –
La Cour des comptes de l’Union européenne a averti dans un rapport publié ce lundi que les efforts de l’Union européenne pour augmenter sa capacité de production de batteries pourraient s’avérer « insuffisants » pour répondre à l’augmentation de la demande et pourraient ne pas atteindre son objectif de zéro émission d’ici 2035.
Les auditeurs avertissent dans leur analyse que l’UE court le risque de prendre du retard dans son projet de devenir une puissance mondiale des batteries, car, malgré le renforcement de sa politique industrielle, l’accès aux matières premières reste un « obstacle majeur » parallèlement à l’augmentation les coûts et la concurrence mondiale « intense ».
Près d’un véhicule neuf sur cinq immatriculé dans l’UE en 2021 est rechargeable, et la vente de véhicules neufs à essence et diesel sera interdite à partir de 2035, comme convenu par l’UE, circonstances qui font des batteries un impératif stratégique, comme le reconnaît le auditeurs.
Cependant, ils soulignent que l’industrie européenne des batteries est à la traîne par rapport à ses concurrents mondiaux, en particulier la Chine, qui détient 76 % de la capacité de production mondiale, bien que la Commission ait publié en 2018 un plan d’action stratégique sur les batteries pour stimuler la candidature de l’UE à devenir un puissance mondiale dans cette industrie et a largement fourni les instruments clés du plan de soutien au secteur, tels que le leadership stratégique, la législation et le financement.
« Dans le domaine des batteries, l’UE ne doit pas se retrouver dans une situation de dépendance comme cela s’est produit avec le gaz naturel ; sa souveraineté économique est en jeu », a déclaré l’auditeur responsable du rapport, Annemie Turtelboom, qui a averti que l’accès aux les matières premières, l’attractivité des investisseurs et les coûts pourraient la reléguer dans une position « plus faible » par rapport à ses concurrents.
Le rapport rappelle qu’entre 2014 et 2020, le budget de l’UE a fourni à l’industrie des batteries au moins 1,7 milliard d’euros de subventions et de garanties de prêts, en plus d’aides d’État autorisées allant jusqu’à 6 milliards d’euros entre 2019 et 2021, destinées principalement à l’Allemagne, France et Italie. Cependant, les auditeurs ont noté que la Commission européenne ne dispose pas d’une vue d’ensemble du soutien public à l’industrie, ce qui rend difficile une coordination et des orientations appropriées.
Parallèlement, la capacité de production de batteries de l’UE connaît un développement rapide, puisqu’elle pourrait passer de 44 gigawattheures (GWh) en 2020 à 1 200 GWh en 2030, même si cette projection n’est pas garantie et pourrait être menacée par des facteurs géopolitiques et économiques. .
Cela comporte le risque que les fabricants de batteries quittent l’UE au profit d’autres régions, notamment les États-Unis, qui leur offrent d’énormes incitations et qui, contrairement à l’UE, subventionnent directement la production de minéraux et de batteries.
En outre, l’UE est fortement dépendante des importations de matières premières, principalement concentrées dans quelques pays avec lesquels il n’existe pas d’accord commercial, tandis que la compétitivité de la production de batteries de l’UE peut également être compromise par la hausse des prix de l’énergie et des matières premières.
Les auditeurs critiquent également l’absence d’objectifs quantifiés et limités dans le temps. Quelque 30 millions de véhicules zéro émission devraient circuler sur les routes européennes d’ici 2030 et, peut-être à partir de 2035, presque tous les véhicules nouvellement immatriculés seront alimentés par batterie. Cependant, la stratégie actuelle de l’UE ne tient pas compte de la capacité de son industrie des batteries à répondre à cette demande.
En général, les auditeurs évoquent les deux scénarios les plus pessimistes si la capacité de production de batteries de l’UE n’augmente pas comme prévu. La première est que l’UE doit reporter son interdiction des véhicules à combustion jusqu’après 2035, ne parvenant ainsi pas à atteindre ses objectifs de neutralité carbone. La seconde est que, pour atteindre une flotte zéro émission d’ici 2035, elle dépendra fortement des batteries et des véhicules électriques importés, au détriment de son industrie automobile et de sa main-d’œuvre.