La tourmente bancaire et le renforcement du système marqueront le sommet des dirigeants européens qui commence aujourd’hui

BRUXELLES, le 23 mars (EUROPA PRESS) –

La tourmente bancaire provoquée par la faillite de Silicon Valley Bank (SVB) aux Etats-Unis et la vente de Credit Suisse marquera le débat lors de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) qui se tient ce jeudi et vendredi à Bruxelles, et dont les dirigeants profiteront pour répondre à la nécessité de finaliser l’union bancaire et l’union des marchés des capitaux.

Si jusqu’à présent les autorités bancaires de l’UE ont insisté sur le fait qu’il n’y a pas de risque de contagion pour les banques européennes, compte tenu de leur résilience et des mesures de surveillance strictes auxquelles elles sont soumises, et malgré le fait que le point ne figure pas formellement à l’ordre du jour , diverses sources communautaires ont pris pour acquis que l’affaire marquera la discussion.

Ce sera la première occasion que les dirigeants auront à discuter face à face de la situation générée après le sauvetage de la SVB par les autorités américaines, et en présence de la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, et du président de l’Eurogroupe, Paschal Donohoe, lors de la deuxième journée de réunions, lors du sommet de l’euro.

Pour de nombreux États membres, comme l’Espagne, ces turbulences bancaires représentent un « signal » pour achever « au plus vite » l’union bancaire, à laquelle ils espèrent que ce sommet pourra donner un coup d’accélérateur en profitant de l’opportunité offerte par le contexte actuel.

Avec le débat sur l’actualité économique en toile de fond, les dirigeants aborderont également d’autres questions économiques, comme la révision des règles budgétaires, sur laquelle ils demanderont à la Commission de boucler le processus législatif cette année, comme les ministres des finances l’ont déjà fait en leur dernière rencontre.

Ils aborderont également le nouveau paquet visant à stimuler la compétitivité industrielle de l’UE que Bruxelles a présenté la semaine dernière, qui comprend la réforme du marché de l’électricité, la loi pour une industrie à émissions nettes nulles et la loi sur les matières premières critiques, toutes avec l’objectif de réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis des tiers, tout en stimulant sa propre industrie «propre» et en accélérant les permis renouvelables.

En ce sens, la place de l’énergie nucléaire dans l’avenir de l’UE qui, après la proposition de réforme du marché de l’électricité et la directive de la Commission sur les énergies renouvelables, fait face à deux blocs de pays entre ses défenseurs, la France en tête, et ceux qu’ils préfèrent miser sur les énergies renouvelables, comme c’est le cas en Espagne et en Allemagne.

Des sources diplomatiques ont souligné que le sommet pourrait être une « bonne occasion » pour les dirigeants de « mûrir » le débat sur l’interdiction de la vente de voitures à moteur à combustion d’ici 2035, que Berlin maintient bloquée après avoir affiché des réserves de dernière minute et qui , bien qu’il ne fasse pas partie de l’ordre du jour, il n’est pas exclu qu’il puisse être traité lors de réunions informelles.

DÉBAT AVEC ZELENSKY

La réunion des dirigeants européens commencera par un déjeuner de travail avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avec qui ils discuteront de la situation en Ukraine, notamment après l’accord sur les céréales parrainé par l’ONU et le mandat d’arrêt contre le Russe président Vladimir Poutine de la Cour pénale internationale.

De même, les chefs d’État et de gouvernement tiendront une réunion par vidéoconférence avec le président ukrainien, Volodimir Zelenski, dans le cadre de ce qui sera la huitième intervention devant le Conseil européen après l’invasion russe de l’Ukraine, à l’occasion de laquelle l’UE redoublera de message politique , soutien financier et militaire à Kiev.

Après que les Vingt-sept soient parvenus à un accord sur le plan d’achats en commun de munitions d’artillerie et de missiles pour reconstituer les réserves des armées européennes et garantir un approvisionnement durable à l’Ukraine, les dirigeants ratifieront le plan, aux dépens de la Hongrie, qui a déjà annoncé qu’il ne participera pas et est présenté comme le principal obstacle à l’unanimité. « Nous n’avons pas besoin d’États membres pour bloquer les actions des autres », a expliqué une source à propos de ce débat.

IMPASSE DANS LES RELATIONS COMMERCIALES

Une autre des clés du sommet sera une discussion qui abordera les relations commerciales de l’Union européenne dans une vision « géopolitique », à la lumière des difficultés du bloc à sortir des accords de libre-échange avec des partenaires comme le Canada de l' »impasse » de ans ou Mercosur à un moment où des puissances comme la Chine avancent avec inquiétude.

Il est temps de réfléchir aux « dynamiques internes » qui freinent les relations commerciales, selon des sources diplomatiques, par exemple en raison de la traditionnelle résistance de la France ou de l’Irlande à sceller un accord avec les pays du Cône Sud même après le changement de gouvernement. au Brésil, où l’arrivée de Luiz Inácio Lula da Silva est considérée par Bruxelles et des pays comme l’Espagne comme une « fenêtre d’opportunité » pour réactiver ces pourparlers.

Dans ce contexte, les dirigeants devraient réfléchir plus largement car, selon un haut responsable européen, le bloc a un « problème général au-delà » des accords en suspens avec l’Amérique latine et la réunion des dirigeants sera l’occasion d’explorer des solutions permettant pour « dynamiser » et faire progresser les relations commerciales.