La police interroge le vice-président socialiste du Parlement européen pour des pots-de-vin présumés du Qatar

Les socialistes européens se disent choqués et demandent la suspension des votes liés aux pays du Golfe

Le parti PASOK informe que Kaili a été expulsé de la formation centre-gauche

BRUXELLES, 9 (EUROPA PRESS)

La police belge a perquisitionné ce vendredi le domicile d’une vice-présidente du Parlement européen, la socialiste grecque Eva Kaili, qui a également été interrogée, en relation avec un complot de pots-de-vin présumés par le Qatar à des personnes susceptibles d’influencer la prise de décision de l’institution européenne.

Le Parquet fédéral a fait état de l’arrestation de quatre personnes et de jusqu’à 16 perquisitions effectuées dans différents quartiers de Bruxelles dans le cadre d’une enquête sur une « organisation criminelle présumée de corruption et de blanchiment d’argent » qui recherchait depuis des mois pour le compte de d’un pays du Golfe pour influencer les décisions « économiques et politiques » du Parlement européen.

« Pour cela, ils ont versé des sommes d’argent et offert des cadeaux importants à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique significative au sein du Parlement européen », a expliqué le parquet dans un communiqué confirmant les quatre arrestations sans préciser l’identité des personnes enquêtées.

Pourtant, des sources de l’enquête citées par les journaux Le Soir et Knack ont ​​révélé que parmi les détenus figurent un ancien eurodéputé socialiste, l’Italien Pier-Antonio Panzeri, plusieurs assistants parlementaires ou encore le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, Luca Visentini. Ces médias identifient également le Qatar comme le pays enquêté dans le cadre de cette opération anti-corruption.

Lors des perquisitions, les autorités ont saisi environ 600 000 euros en espèces ainsi que du matériel informatique et des téléphones portables pour analyse par les enquêteurs.

Du Parlement européen, ils ont opté pour la prudence et n’ont pas voulu commenter une affaire qui fait l’objet d’une enquête car, ont indiqué les sources, l’institution ne commente pas les procédures judiciaires en cours, ni dans ce cas ni en aucun cas.

Jusqu’à présent, les noms qui ont émergé sont liés à des personnels du groupe Socialistes et démocrates du PE (S&D), dont la vice-présidente de l’institution Eva Kaili, dont l’adresse a été enregistrée.

Dans un message sur Twitter de l’ambassadeur de l’UE au Qatar, Cristian Tudor, dont l’accès au compte a été restreint après la révélation du complot de corruption, on pouvait voir une image publiée au début du mois de la rencontre de Kaili avec le ministre qatari Ali bin Samij Al Marri accompagné d’un message de reconnaissance de l’UE « pour l’engagement du Qatar à poursuivre les réformes du travail après la Coupe du monde ».

Le groupe S&D a publié un communiqué pour défendre sa « tolérance zéro » vis-à-vis de la corruption et assurer qu’il est « consterné » par les informations publiées dans la presse belge, tout en appelant à la suspension des votes et autres travaux au Parlement européen liés à les pays du Golfe.

« Compte tenu de la gravité des soupçons, et jusqu’à ce que les informations et éclaircissements pertinents soient fournis par les autorités compétentes, nous demandons la suspension des travaux sur tout dépôt et vote en plénière concernant les États du Golfe, en particulier la libéralisation des visas et les visites prévues. », indique le communiqué publié par les sociaux-démocrates européens.

Plus tard, le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) a rapporté qu’à la suite d’enquêtes lancées par les autorités belges sur des allégations de corruption contre des responsables européens, le député européen Kaili « a été exclu du parti sur décision du président, Nikos Androulakis », selon le journal. ‘Kathimerini’.