BRUXELLES, 4 (EUROPA PRESS)
La Commission européenne s'est de nouveau prononcée mardi contre la dérive autoritaire du gouvernement géorgien, confirmant une fois de plus son éloignement de l'Union européenne et discréditant la politique répressive de Tbilissi contre ses propres citoyens à travers l'instrumentalisation du système judiciaire, ainsi qu'en reproduisant des campagnes de désinformation et des théories du complot pro-russes.
Dans son rapport annuel sur les progrès de la politique d'élargissement des pays candidats à l'adhésion, l'Exécutif communautaire confirme le divorce avec le parti au pouvoir Georgian Dream et pointe du doigt le Premier ministre géorgien, Irakli Kobajidze, pour son revers sur les questions les plus fondamentales de l'intégration européenne, comme la gouvernance démocratique, la lutte contre la corruption, la réforme du système judiciaire, la liberté d'expression ou l'alignement sur la politique étrangère européenne.
« Au lieu de démontrer son engagement en faveur d'une plus grande intégration dans l'UE et de faire avancer les réformes nécessaires, la Géorgie s'est encore plus éloignée du chemin vers l'Union européenne », indique le rapport, qui n'est pas accompagné des recommandations traditionnelles pour faire avancer l'adhésion, car Bruxelles considère que la Géorgie doit se concentrer sur l'approfondissement démocratique le plus élémentaire.
Dans le même esprit, la commissaire à l'Elargissement, Marta Kos, a souligné une « sérieuse régression démocratique » dans le pays, ajoutant qu'il s'agit de la plus grande « jamais vue dans un des pays candidats » à intégrer l'UE.
Il a ainsi soutenu qu'à ce stade, la Géorgie n'est qu'un candidat à l'UE « sur le papier ». « Nous avons assisté à une érosion rapide de l'État de droit et à de graves restrictions des droits fondamentaux. Les autorités géorgiennes doivent de toute urgence changer de cap pour répondre à la demande de leurs citoyens pour un avenir européen », a déclaré Kos lors de sa présentation au Parlement européen.
Bruxelles dénonce la participation active des autorités géorgiennes à la diffusion de discours de désinformation contre l'UE, qui fait l'objet d'attaques systématiques de la part de hauts responsables, du parti au pouvoir et des médias liés à l'exécutif de Kobajidze.
« Tout en continuant à déclarer l'intégration européenne comme leur priorité absolue, les autorités géorgiennes ont systématiquement eu recours à une rhétorique anti-UE hostile, à des récits manipulateurs et à des théories du complot, reflétant souvent une désinformation à la russe », indique le document de l'UE.
En matière de politique étrangère, l'Exécutif européen souligne également l'écart de la Géorgie par rapport à la vision européenne, soulignant qu'elle ne suit pas la majorité des sanctions imposées contre la Russie, la Biélorussie et l'Iran, qu'elle ne participe pas aux missions européennes et que le taux d'alignement avec la politique étrangère communautaire est tombé à 40% contre 53% l'année précédente.
RECOURS À LA JUSTICE POUR « IMPOSER UN SYSTÈME DE RÉPRESSION »
De même, l'Exécutif européen dénonce la persécution des organisations qui reçoivent des financements de l'UE pour « justifier la répression de la société civile et présenter les acteurs pro-européens comme des serviteurs d'intérêts extérieurs », suivant le même modèle que la Russie.
« Sous prétexte de lutter contre l'ingérence étrangère, le gouvernement a introduit une série de modifications législatives et réglementaires qui, en pratique, sont dirigées contre la société civile, les médias indépendants et les citoyens qui exercent leurs droits fondamentaux », note le rapport, qui regrette le siège des organisations attachées à la démocratie « au lieu de s'attaquer aux menaces réelles de la désinformation étrangère ».
Par ailleurs, dans un contexte de contestation citoyenne, la Commission européenne assure que le système judiciaire a été utilisé par le parti au pouvoir pour « imposer un système de répression ».