Bruxelles contre-attaque la Chine et les États-Unis avec un nouveau marché de l’électricité, une industrie plus propre et moins de dépendance

BRUXELLES, le 11 mars (EUROPA PRESS) –

La Commission européenne présentera cette semaine un ensemble de mesures énergétiques visant à réformer le marché de l’électricité, à stimuler l’industrie « propre » et à réduire la dépendance vis-à-vis des fournisseurs tiers afin de positionner l’UE comme un concurrent digne dans la course « verte » et donc contre-attaque à des puissances comme la Chine ou les États-Unis, qui cherchent à se démarquer avec un « dopage » millionnaire de leurs entreprises.

Bien que la présidente de l’exécutif communautaire, Ursula von der Leyen, ait annoncé ce vendredi depuis Washington un accord sur l’énergie propre avec les États-Unis et que les deux parties travailleront sur l’accès aux matières premières critiques, ces mesures font partie du plan bruxellois pour contrer l’impact sur l’économie européenne des injections de l’Inflation Reduction Act (IRA) américain, avec un paquet de 369 milliards de dollars, et les investissements dans les technologies propres annoncés par la Chine, qui dépassent les 280 milliards de dollars.

Après avoir annoncé ce jeudi un assouplissement des aides d’État permettant aux pays de l’UE de s’aligner sur les offres de tiers pour empêcher la fuite des entreprises, Bruxelles présentera mardi prochain la loi pour une industrie zéro émission et la régulation des matières premières critiques, deux réglementations complémentaires qui visent prévenir la migration des entreprises et atteindre l’autosuffisance européenne dans la production de nouvelles technologies tout en réduisant les émissions de CO2.

Dans un contexte où le marché mondial des principales technologies de production en série à bilan zéro devrait tripler d’ici 2030, avec une valeur annuelle d’environ 600 milliards d’euros, l’UE veut saisir cette opportunité alors que ses concurrents ont déjà traversé d’ambitieux mesures pour s’assurer qu’ils font partie de ce nouveau marché.

Or, la résistance des futurs systèmes énergétiques se mesurera avant tout à la sécurité d’accès aux technologies qui les alimenteront, comme les éoliennes, les électrolyseurs, les batteries, le solaire photovoltaïque ou les pompes à chaleur, domaines stratégiques sur lesquels planifie l’Europe.

La loi net zéro industrie fait partie des actions annoncées dans ce contexte, dans le but de simplifier le cadre réglementaire des capacités de production des technologies essentielles pour atteindre les objectifs de neutralité climatique de l’Union et garantir la résilience de son système énergétique décarboné, mais dépend actuellement de pays tiers comme la Chine, qui atteint 90 % dans certains secteurs de la chaîne de valeur.

À cet égard, le règlement contient des mesures visant à accélérer la bureaucratie en vue de garantir que, d’ici 2030, la capacité de fabrication des technologies à émission nette nulle atteigne au moins 40 % des besoins annuels de déploiement de l’UE pour les technologies correspondantes nécessaires pour réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990.

De son côté, la loi sur les matières premières critiques vise à diversifier les importations européennes de matières premières stratégiques, telles que le lithium, le cobalt ou le manganèse, en vue de garantir que, d’ici 2030, pas plus de 70 % de la consommation annuelle de chaque matière première stratégique le matériel à n’importe quel stade pertinent de la transformation provient d’un seul pays tiers.

NOUVEAU MARCHÉ DE L’ÉLECTRICITÉ POUR LES CONTRATS À LONG TERME

Celles-ci seront suivies jeudi par la proposition de réforme du marché de l’électricité axée sur l’augmentation de la présence des énergies renouvelables au détriment des énergies fossiles et la facilitation des contrats à long terme pour réduire la volatilité des prix afin de protéger les consommateurs, comme l’a déjà défendu l’Espagne en l’approche qu’il a présentée à la Commission en janvier dernier.

Selon le projet auquel Europa Press a eu accès et qui est susceptible de changer jusqu’à sa publication officielle, Bruxelles encourage les États membres à « s’efforcer » de créer les conditions de marché adéquates pour les instruments de marché à long terme, tels que les accords d’achat d’électricité .

Il s’agit d’accords bilatéraux d’achat entre producteurs d’énergie, notamment d’énergie renouvelable, et sociétés de négoce qui, selon le texte, « assurent la stabilité des prix à long terme pour le consommateur et la certitude nécessaire au producteur pour prendre la décision d’investir ».

Une fois que la Commission aura officiellement présenté sa proposition, il appartiendra au Conseil et au Parlement de l’approuver au niveau des États membres et des groupes politiques, avant la négociation finale à nouveau avec Bruxelles et dans le but de commencer à l’appliquer dans le premier semestre 2024.

Cependant, face à la proposition de réforme structurelle défendue par des pays comme l’Espagne, un autre bloc de sept pays mené par l’Allemagne prétend que la révision du marché de l’électricité soit « limitée » et qu’elle maintienne les avantages rapportés par le système au cours de la dernière décennie et que ne compromet pas les objectifs climatiques et énergétiques de l’UE, deux positions contradictoires qui augurent d’un long débat au niveau des Vingt-sept.