Albares reproche au PP et aux partenaires gouvernementaux de ne pas proposer « une politique alternative » sur le Maroc sauf pour les critiques

Insiste sur le fait que l’Espagne soutient l’ONU dans la recherche d’une solution pour le Sahara mais ne précise pas si elle soutient l’autodétermination

MADRID, 27 février (EUROPA PRESS) –

Le ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares, s’est défendu contre les critiques formulées tant par le PP que par les partenaires du gouvernement concernant la nouvelle relation avec le Maroc et le virage sur le Sahara, leur reprochant de ne pas fournir  » une politique alternative » à cet égard.

Tous les porte-parole qui sont intervenus au sein de la commission sénatoriale des affaires étrangères ont évoqué le virage du gouvernement vis-à-vis du Sahara Occidental, l’absence d’explications près d’un an plus tard et ont également remis en cause les résultats de la réunion de haut niveau (RAN) tenue le 1er février. et 2 à Rabat.

Comme il l’a fait la semaine dernière au Congrès lors d’une comparution similaire, il a démenti le « mantra » selon lequel le gouvernement a changé sa position sur le Sahara à la suite de la lettre du président du gouvernement, Pedro Sánchez, à Mohamed VI dans laquelle il a soutenu que le plan marocain d’autonomie pour l’ancienne colonie espagnole est « la base la plus solide, crédible et réaliste » pour résoudre le différend.

« Je n’ai pas entendu parler d’une politique alternative avec le Maroc », a reproché Albares aux porte-parole des groupes parlementaires, arguant que « la critique d’une politique n’est pas une politique alternative ».

TOURNAGE ANTI-MAROCAIN DU PP

Le ministre s’est montré particulièrement critique à l’égard du PP, abondant dans la thèse selon laquelle depuis l’arrivée d’Alberto Núñez Feijóo le principal parti d’opposition « glisse dangereusement vers des positions anti-marocaines » et qu’il propage des « canulars ».

En ce sens, il a de nouveau demandé des éclaircissements sur ce que Feijóo a dit au Premier ministre marocain lorsqu’il l’a rencontré il y a quelques mois à propos de Ceuta et Melilla ou quelle est la position du PP concernant l’autodétermination du peuple sahraoui, défendant qu’il faut pouvoir avoir une « politique d’Etat » à l’égard du Maroc et accuser le « populaire » de chercher à « semer la méfiance ».

De son côté, la porte-parole du PP au sein de cette Commission, Pilar Rojo, a également demandé des explications au ministre sur les causes du tournant vis-à-vis du Sahara, lui reprochant la détérioration des relations avec l’Algérie.

« On ne sait toujours pas ce qui a poussé le président à ce virage unilatéral » ni « ce qu’il cache, pourquoi il l’a fait ou ce qu’on a réalisé » avec lui, s’est-il moqué, affirmant qu' »à peine des progrès ont été réalisés dans la relation ». . »

Concernant le RAN, le sénateur « populaire » l’a qualifié de « non-sens », dénonçant le « sit-in à part entière » du roi du Maroc et assurant que les résultats obtenus de cette réunion « n’ont rien d’extraordinaire ».  » : « Ils n’ont obtenu ni photo ni résultats tangibles ».

Le porte-parole de Vox, José Manuel Marín Gascón, a également évoqué les « virages inexplicables » concernant le Sahara dont les motivations restent cachées malgré le fait qu’en démocratie « le gouvernement doit rendre des comptes et donner des explications » mais « à ce jour nous continuons sans connaître les raisons. »

SOUTIEN AU RÔLE DE L’ONU CONCERNANT LE SAHARA

Albares a une fois de plus insisté pour que le gouvernement défende la « centralité » de l’ONU dans la résolution du conflit et cela s’est traduit lors de ses récentes rencontres avec le secrétaire général, Antonio Guterres, et avec son envoyé spécial pour le Sahara. , Staffan de Mistura, à qui il a offert le plein soutien de l’Espagne pour leur travail.

« Ne confondons pas le rôle de l’Espagne et celui des Nations unies, ce sont les Nations unies qui doivent apporter les solutions » et le gouvernement ne peut pas remplacer ce rôle, a-t-il souligné, s’en tenant également au fait que l’Espagne est le premier donateur bilatéral pour les camps de réfugiés sahraouis et cela continuera tant qu’il sera ministre.

À ce stade, il a souligné qu’il ne s’agissait pas d’un « concept » mais de personnes, « de femmes et d’enfants de chair et de sang » et « d’un conflit qui est enlisé depuis plus d’un demi-siècle ». « Voulez-vous que je reste bloqué pendant encore un demi-siècle ? », a-t-il demandé aux sénateurs.

Cependant, il a évité de commenter si l’exécutif soutient le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, après que les porte-parole du PNV, Bildu et ERC lui aient demandé s’il considérait la tenue d’un référendum au Sahara occidental comme une solution « stable et durable » dans la région.

Dans des termes similaires, le sénateur du Más Madrid, Pablo Gómez Perpinyá, s’est exprimé très critique à l’égard de la gestion gouvernementale du Sahara, exhortant le ministre à « respecter » les résolutions de l’ONU et lui demandant s’il pense que les citoyens « sont des idiots ». ou « une sorte de troupeau de moutons ».

« Monsieur Albares, c’est grâce aux 167 députés qui ont soutenu Sánchez », a conclu le sénateur madrilène, dénonçant « l’unilatéralisme » dans la prise de décisions.

Pendant ce temps, les sénateurs des îles Canaries Fabián Chinea (ASG) et Fernando Clavijo (CC) ont déshonoré le ministre par l’absence de tout représentant du gouvernement des îles Canaries dans ce RAN, pour parler, entre autres, de la délimitation de la eaux proches de l’archipel.

Le ministre n’a pas non plus donné de réponse claire à ce sujet, au-delà de célébrer la réactivation du groupe de travail sur la délimitation des eaux territoriales sur la côte atlantique, auquel participent les îles Canaries, et d’assurer qu’il continue « de très près » les informations concernant d’éventuelles prospections par le Maroc dans les eaux proches de l’archipel, bien qu’il ait souligné qu’elles étaient jusqu’à présent infondées.